Chikungunya : l’opération séduction du tourisme réunionnais

15 mars 2006  |  dans France, Société

photo : DR

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La semaine dernière à Paris, 600.000 personnes ont visité le Salon international de l’Agriculture. C’est une vitrine pour notre industrie touristique. Coup de projecteur sur les ambassadeurs de La Réunion.

« Est-ce que vos produits sont Chikungunyés ? » La question d’un visiteur du Salon de l’agriculture qui a débuté à Paris samedi 25 février, fait sourire Yasminaïke, une exposante réunionnaise. Cette vendeuse de produit locaux rassure immédiatement : «Non, nous n’avons pas apporté de moustiques dans nos boîtes de conserves »

Cette scène a été jouée et rejouée tous les jours sur les stands de La Réunion.

Les exposants s’attendaient aux questions sur l’épidémie. Comme chaque année, 600.000 visiteurs étaient attendus au Salon, une vitrine idéale pour le tourisme réunionnais. Tout a été donc mis en œuvre pour rassurer les vacanciers de demain. La musique de l’orchestre folklorique « Canne d’eau » et les sourires des hôtesses habillées de madras détendent l’atmosphère. « Ce salon est fait pour tranquilliser en direct les futurs touristes, explique Marie-Anick Erapa, responsable de l’agrotourisme à la Chambre d’agriculture réunionnaise. Nous ne travestissons pas la réalité, nous informons simplement ». Objectif : freiner la baisse de réservations touristiques qui auraient diminué de 65% sur les quatre prochains mois. « Nous devons rappeler qu’à l’heure actuelle, seuls quarante touristes ont été touchés par l’épidémie car ils se protègent plus que les habitants de l’île. », précise Jocelyne Lauret, présidente du Comité du tourisme de La réunion.

Les responsables de la délégation réunionnaise ne sont pas les seuls à faire passer le message. Tous les exposants sont à pied d’œuvre.

« Les médias dramatisent la situation »

« Un visiteur sur deux nous pose des questions sur l’épidémie, raconte un vendeur d’une épicerie réunionnaise. Nous leur disons qu’il n’y a aucun risque s’ils se protègent avec des produits répulsifs. Malgré tout, ils n’hésitent pas à déguster ou à acheter nos produits. » En effet, le bar de dégustation de rhum ne désemplit pas. Les visiteurs n’hésitent pas à goûter les bouchons et les tartines de racines de bananes offertes par les exposants. Jeudi après-midi, au détour d’un stand, une jeune hôtesse tranquillise deux métropolitaines qui l’interroge sur l’avancée de l’épidémie : « Les médias dramatisent un peu trop. C’est comme pour la grippe aviaire : de La Réunion on imagine que les métropolitains vivent un enfer alors qu’en fait la situation n’est pas si terrible que cela. De loin, on a du mal à se rendre compte. » La conversation est interrompue : Il est 17 heures et le ministre de l’Agriculture fait sont entrée sur le stand département pour remettre les prix du concours général agricole aux exposants originaires des DOM. Dans la cohue générale, Dominique Bussereau tien à témoigner de « la solidarité nationale » envers les Réunionnais. « N’ajoutons pas la psychose aux difficultés de l’épidémie. Il ne faut pas douter de la qualité des produits réunionnais », assure-t-il en croquant à pleines dents dans un ananas avant que l’orchestre reprenne des airs entraînant. Et les badauds se balancent aux rythmes des instruments. Visiblement, le charme réunionnais opère. La seule épidémie sur le stand est celle de la bonne humeur.

Leïla Miñano et Ariane Puccini