Belgrade : le « New-York » des Balkans

15 mai 2008  |  dans Culture, International

photo : Ariane Puccini/Youpress

photo : Ariane Puccini/Youpress

« La guerre ne nous a pas empêchés de faire la fête. Au contraire», se souvient Bosko, 42 ans, installé dans un fauteuil design du Delta Still Doo, l’un des nombreux « splavovi», ces bars flottants amarrés sur les rives du Danube ou de la Save.

Lidja, 27 ans et Marina, 37 ans, les deux Luxembourgeoises d’adoption qui l’accompagnent, tiennent, lors de chaque retour au pays, à profiter de la nuit belgradoise jusqu’à l’aube. «La vie nocturne y est bien plus intéressante que dans les grandes villes européennes», lâchent-elles. Loin de l’image d’une capitale post-soviétique théâtre de bombardements, Belgrade surprend. La Strahinjica Bana n’a d’ailleurs rien à envier à la Croisette cannoise. Cette rue des bars huppés est plus connue sous le nom de «Silicon Valley», pour les blondes peroxydées et à forte poitrine qui s’exposent sur les terrasses cosy. Cocktails sophistiqués, défilé de berlines luxueuses, rythmes lounge, ce microcosme réunit tout le gratin belgradois.

Juriste le jour, physio la nuit

Mais toutes les plantureuses clientes ne sont pas de cette jeunesse dorée et espèrent qu’un bon parti les remarque ou du moins les invite. Avec un salaire mensuel moyen de 250 euros, «beaucoup sont prêtes à des sacrifices financiers importants pour faire illusion», précise Marina. Ce qui n’a pas été le cas de Tamara, 24 ans, juriste le jour, et la nuit, hôtesse au Plastik, la boîte la plus branchée de la ville. «Je gagne mon argent ici et je le dépense ici!», s’amuse-t-elle. La discothèque, où mixent les plus grands DJ’s de la scène électronique européenne, accueille 2000 clubbers, parfois venus d’autres pays des Balkans, Croatie et Slovénie en tête. Coupe déstructurée et verre de whisky à la main, elle scrute les premiers arrivants et les sélectionne d’un regard. Gratuite pour le Plastik, l’entrée de l’Apartman, également haut lieu de la nuit, ne coûte que 2 € environ. «Pendant les bombardements, nous faisions la fête à la maison pour des questions de sécurité. L’habitude en est restée», explique Zoran, 35 ans, adepte de ce 5-pièces aux papiers peints kitch éclairés de lumière noire, camouflé au dernier étage d’un immeuble. Belgrade qui attire de plus en plus de touristes, garde néanmoins ses endroits secrets pour les plus avisés d’entre eux.

Ariane Puccini et Delphine Bauer