L’AlterTour : « voir et rencontrer », mais pas seulement…

24 juillet 2008  |  dans France, Société

A Mirabel, village ardéchois, l’invasion par les petits hommes verts de l’AlterTour de France n’a pas eu lieu. Les rues sont désertes. A peine quelques touristes lâchés par un car s’aventurent dans les rues ombragées de la citadelle. Il est midi, les habitants du village, se pressent au marché d’Aubenas, à quelques kilomètres de là. Un calme qui ne laisse pas présager de l’arrivée imminente de l’AlterTour de France pour l’étape de la mi-journée de ce deuxième jour de relais. « Ah, non… connais pas » ou « L’AlterTour ? Je n’en ai pas entendu parler », répondent les rares habitants croisés dans le village.
encadré du dossier TC sur l’Altertour publié le 24 juillet 2008

L’annonce du tour de France alternatif n’a pas fait grand bruit, malgré un article publié le matin dans le Dauphiné Libéré. Le peloton de l’AlterTour après 45 km de routes départementales avalés sous le zénith ne montera pas jusqu’au sommet de la colline où se tient la citadelle. En fait, l’objectif de l’étape se trouve au pied du village : le lycée agricole Olivier de Serres, du nom de ce noble du XVIéme siècle considéré comme le « père de l’agriculture ». L’établissement, déserté par les élèves pour cause de vacances, propose notamment dans le cadre du Brevet professionnel de responsable d’exploitation agricole (BPREA) un module en agriculture biologique. « Je n’ai pas pu refuser, dit en souriant Bernadette Laville directrice du Lycée. C’était une demande d’un des organisateurs qui est aussi un de mes anciens élèves. » Une visite qui pourtant a nécessité des discussions entre la directrice et les organisateurs de l’AlterTour. « Je ne voulais pas que ce soit une occasion de revendications », explique Bernadette Laville. « Nous sommes seulement venus pour voir et rencontrer », a promis Dominique Béroule, un des organisateurs de l’AlterTour.
13 heures : les premiers t-shirts verts des altercyclistes arrivent dans l’allée qui mène jusqu’à l’accueil du lycée. Les relayeurs, fatigués et cramoisis, suivent la directrice jusque dans la ferme caprine du lycée. Attentifs, ils écoutent l’exposé. 120 chèvres, 1000 litres produits par an. Pas de revendication, certes…mais ici et là, les remarques fusent. « 1000 litres, c’est un intensif, çà ! », lâche une altercycliste. « Comment çà ? Seulement une seule traite par jour ? Mais il en faut deux ! », s’exclame une autre. Présentation d’une expérience menée sur l’alimentation des chèvres et sur la comparaison de la qualité du lait de celles qui sont élevées en extérieur et de celles en intérieur. Jean-Pierre Berlan, ancien chercheur à l’INRA, participant au tour, fulmine dans son coin : « Cette façon d’envisager le monde vivant n’a pas de sens. La biologie, c’est le domaine de l’interaction. La formation est à côté de la plaque. » Visite des enclos où sont enfermées les chèvres, en plein soleil. « Ce n’est pas normal de laisser ces bêtes sans ombres ! – Il y a quelques cyprès un peu plus loin dans l’enclos », rétorque Bernadette Laville. Le soleil tape sur les visiteurs. L’un d’eux ose et lâche : « C’est quand, l’apéro ? ». Quelques rires étouffés et le tour se termine devant le buffet bio prévu par les organisateurs de l’Altertour.