La renaissance du vin roumain

20 janvier 2010  |  dans International

Photo : David Breger/Youpress

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Vingt ans après la fin du régime de Ceausescu, la Roumanie retrouve peu à peu son statut d’acteur majeur de la production de vin (6e en Europe et 12e dans le monde).

Voici 2700 ans, le vin produit par les Daces, ancêtres des Roumains, était particulièrement réputé. Pourtant, au sortir de plus de 40 années de communisme, après la révolution de 1989, le vin roumain avait perdu de sa superbe. Les vignobles nationalisés, produisaient en quantité de quoi assurer la consommation du pays et l’export, essentiellement dans l’espace soviétique, mais ne dégageaient aucun profit. Sans investissement, les exploitations et la qualité du vin se dégradaient.

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Mais depuis quelques années, la filière s’est restructurée. Les coopératives ont été restituées à leurs propriétaires et les premières privatisations ont eu lieu en 1998. Avec les investissements et les aides (d’abord celles du programme d’adhésion puis celles de la PAC, à l’entrée de la Roumanie dans l’Union Européenne, au 1er janvier 2007), le processus de modernisation s’est accéléré. Accompagné par la hausse du niveau de vie, le marché est en croissance de 10% par an depuis 2006 (même s’il stagne cette année avec la crise). Aujourd’hui 6 producteurs privés représentent environ 70% du secteur. En 2009, le chiffre d’affaire est estimé à 450 millions d’euros pour une production de 6,3 millions d’hl.

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Dans son bureau de Bucarest, Ovidiu Gheorghe, directeur du PNVV (patronat national de la vigne et du vin) évoque l’évolution de la filière « Nous nous concentrons sur le pays, qui absorbe plus de 90% de la production. Avec une consommation de 24 litres par an et par personne, le marché n’est pas encore mature. Les Roumains aiment le vin blanc, mais les habitudes sont en train de changer et se conforment aux gouts internationaux. Voici pourquoi, nous replantons près de 3000 ha par an en donnant la priorité aux cépages rouges, notamment les variétés spécifiques nationales comme le Feteasca noir. Sur les 200 000 h de surface viticole, 65% sont encore en cépage blanc. »
L’exportation (entre 3 et 15% de la production ces dernières années) reste encore faible : « Pour le moment c’est peu intéressant pour les producteurs, car le vin roumain n’est pas une référence à l’international et se vend à bas prix. Nous avons quelques partenaires privilégiés comme l’Allemagne, l’Italie, l’Angleterre, les pays Baltes … mais nous vendons surtout en vrac. Nos vins ont été distingués par de nombreuses récompenses internationales, mais il nous manque encore une image de marque. Il serait intéressant d’allier nos produits avec la figure d’un artiste roumain réputé comme Brancusi par exemple », explique Ovidiu Gheorghe. Pour le moment la crise financière empêche encore de réaliser une telle campagne de publicité, mais en Roumanie, le secteur du vin a confiance en l’avenir.