« L’Islam ne se résume pas au voile et au terrorisme »

23 septembre 2010  |  dans Culture, France

Munem Wasif - DR

Munem Wasif - DR

Munem Wasif, photographe bangladeshi, expose au festival Visa pour l’Image de Perpignan jusqu’au 12 septembre. Avec « Nous avons foi en Dieu », il fait entrer le public dans l’intimité des musulmans de son pays.

Depuis deux ans, et la révélation de ce jeune photographe grâce au prix du jeune reporter de la ville de Perpignan, tout le monde n’a que son nom à la bouche. Cette année Munem Wasif, 26 ans, revient au festival international de photojournalisme Visa pour l’Image, avec un travail de plusieurs mois sur l’Islam au Bangladesh.

Munem revient aussi avec un message pour l’occident… « Depuis le 11 septembre 2001, une peur s’est installée, explique le jeune photographe. J’ai pu le constater lors de mes voyages en Europe. A Paris, on m’a demandé plusieurs fois : « C’est votre valise ? », en parlant de mon sac de voyage. A l’aéroport, on me fait régulièrement sortir de la file pour me poser des questions. »

Pour lui, son travail intitulé « Nous avons foi en Dieu », qu’il expose cette année à Perpignan, est une manière de montrer que l’Islam n’est pas « tout blanc ou tout noir », que sa religion ne se résume pas « au voile, aux bombes et au terrorisme ». Surtout à l’échelle d’un pays tel que le Bangladesh qui compte 125 millions d’habitants, dont 90% sont musulmans.

Et son pays, Munem le connait bien puisqu’il le parcourt depuis des années pour ramener ces images qui l’ont fait connaître. « La vision romantique du grand reporter qui voyage partout dans le monde est très occidentale, constate-t-il. Je ne vois pas pourquoi j’irais travailler dans un pays dont je ne parle pas la langue et dont je ne connais pas la culture».

D’ailleurs, le jeune photographe n’en a pas les moyens : «je ne dépense pas mon argent dans des billets d’avions, je n’ai pas de grande maison, de belle voiture, pour me déplacer je prends le bus c’est beaucoup moins cher».

«Je ne peux passer moins d’un an sur un sujet »

Pour « Nous avons foi en Dieu », Munem Wasif a suivi pendant plusieurs mois le quotidien de sa sœur, médecin qui après son pèlerinage à la Mecque a décidé de porter le voile, ainsi que celui d’un jeune photographe pratiquant.

Celui qui se définit aussi comme un artiste, est également entré dans les madrasas de son pays. Et ce, toujours dans l’optique de faire connaître son pays et la religion qu’il a choisi : « Ces écoles sont présentées comme le berceau du terrorisme et pourtant elles permettent aux enfants les plus pauvres d’apprendre à lire, à écrire et souvent d’avoir un repas par jour ». C’est de cette manière que le photographe envisage son travail : « Je ne peux pas passer moins d’un an sur un sujet car il faut comprendre le contexte, se faire accepter par les gens, il faut qu’un respect mutuel s’installe ».

C’est ce que l’on ressent devant les images de Munem, le respect, et quelque fois même un manque de distance face à son sujet. Rien d’étonnant, puisque son engagement, Munem n’en fait pas un secret : pour lui, ses photographies sont autant de messages qui permettront d’éviter « les incompréhensions qui entraîne la haine entre l’orient et l’occident ».