Nantes : cap vers le vert

23 décembre 2010  |  dans France, Société

Crédits photo : Juliette Robert/Youpress

Crédits photo : Juliette Robert/Youpress

Tout juste élue ville verte européenne 2013, Nantes a été la première de l’Hexagone à créer un réseau moderne de tramway en 1985. Depuis, son intérêt pour l’écologie ne s’est pas démenti. Aujourd’hui, elle se lance, avec un panel de 150 familles, dans un nouveau projet, l’atelier Climat. Reportage.

Comme très souvent, David, 31 ans, technicien respiratoire, se rend en centre-ville de Nantes en tramway, et non en voiture. Sur le quai, il tient fermement d’une main Emma, sa fille de 5 ans, et de l’autre la poussette d’Anaé, un an. Emma sait déjà que rouler en 4X4, «c’est pas bien parce que ça pollue.» Il lui arrive de se boucher le nez quand l’un d’entre eux passe devant elle, et ça fait bien rire son père. David habite en banlieue toute proche de Nantes, à Saint Herblain, avec Mélanie, sa compagne, qui travaille dans les assurances. Chez eux, pourtant, pas de couches jetables ou de frigo abritant uniquement des aliments bio. On voit même traîner ici et là, côtoyant des jeux en bois, quelques jouets en plastique. «Qu’on nous a offerts», précise Mélanie avec un sourire. Sans être « des ayatollahs de l’écologie », le couple a accepté il y a quelques mois de devenir l’un des 150 foyers « cobayes » de l’atelier Climat, «une expérience unique en France, qui permettra de mesurer les freins et les leviers à adopter des réflexes verts», explique Ronan Dantec , adjoint au maire de Nantes, en charge du développement durable, de l’environnement, de l’Agenda 21 et de la biodiversité.

Des familles « suivies » pendant un an

Pendant un an, ces familles nantaises vont se réunir de trois à sept fois, en fonction de leur emploi du temps, assister à des conférences, essayer d’améliorer leur écocitoyenneté. David et Mélanie ont établi leur bilan carbone, en calculant leur consommation d’énergie entraînée par leurs déplacements, loisirs, habitation, alimentation etc. «Il était plutôt bon. Nous faisions déjà le tri des déchets, attention à l’électricité, essayons de ne pas gaspiller», raconte David. Lucide, Mélanie lâche pourtant que cela ne les empêche pas «d’être malgré tout dans la surconsommation». Tout en étant sensible à la cause du développement durable, la jeune femme n’entend pas «sacrifier son confort».
Le coach carbone leur a indiqué néanmoins quelques axes de réduction potentielle de leur consommation, comme « manger moins de viande », faire « attention au suremballage», ou encore privilégier « les achats locaux de produits frais », détaille David. Partisans d’une « consommation raisonnée» plutôt que d’une attitude «décroissante» qui n’empêche pas parfois, comble de l’incohérence, ses représentants de prendre l’avion, la famille entend progresser sur sa consommation d’énergie d’ici le prochain rendez-vous fixé en janvier. «Mais il n’y a pas de solution miracle. Même les ampoules LED, on ne sait pas comment les recycler!» ironise David. Bien sûr, «si on avait l’argent, on opterait pour une voiture électrique, une maison en bois…» imagine Mélanie. La force de l’engagement de David et Mélanie, qui rejettent l’étiquette d’«écolos», c’est «de montrer que tout le monde peut réellement faire des efforts. La preuve avec notre exemple».

Mieux connaître les freins à un comportement éco-responsable

Selon Ronan Dantec, chacun doit se sentir concerné, l’écologie n’étant pas l’apanage des classes moyennes et supérieures. Le système de tri des déchets est par exemple bien adapté à l’habitat vertical. «Nous avons des résultats similaires dans les quartiers populaires et dans les quartiers plus bourgeois. De la même manière, les jardins familiaux plaisent beaucoup et partout», affirme l’élu. Même si concrètement l’atelier Climat servira, entre autres, à «définir à partir de quelle limite financière les gens basculent ou non dans un comportement vertueux par rapport à l’environnement», reconnaît-il.

L’atelier n’est qu’une petite partie des engagements pris par l’agglomération pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre. Fier de la nomination de Nantes comme ville verte européenne 2013, en particulier des excellentes notes raflées en «déchets, biodiversité et qualité de l’air», Ronan Dantec voit cette victoire comme «une responsabilité supplémentaire qui nous est attribuée et non une breloque à mettre sur la cheminée. Aujourd’hui, politiquement, plus personne ne s’oppose au développement durable. On nous reproche même de ne pas aller assez vite», lâche-t-il, mi-amusé, mi-combattif.