Hart Island: les morts oubliés de New York

15 février 2017  |  dans International

@Benjamin Petit

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Abritant la plus grande fosse commune des Etats-Unis, Hart Island est une île interdite. Chaque jour, des détenus y enterrent les indigents pour le compte de la ville de New York. Le lieu est quasi inaccessible. Pour les familles, s’y rendre est un parcours long et difficile.

 

Le vent et la pluie fine balaient les docks de City Island, petite île de pêcheurs dans le détroit de Long Island, à l’est du Bronx. Frank Mejia attend anxieusement devant une porte grillagée où s’affiche la mention restricted area. Elle s’ouvre enfin. Le visiteur se soumet au contrôle des gardes de l’administration pénitentiaire, longe le quai et embarque sur un ferry rouillé. Cela fait vingt ans que Frank attend ce moment. Arrivé la veille de San Diego en Californie où il réside, à 4’500 kilomètres de là, il a enfin trouvé le courage d’entreprendre le voyage. Au loin, dans la brume, se dessine la destination finale du bateau: Hart Island, une île sinistre, qui abrite la plus grande fosse commune des Etats-Unis. La dernière demeure de son frère aîné Ralf, disparu en 1993.

 Ce triste caillou d’à peine un kilomètre carré se trouve à quelques encablures de Manhattan, mais bien loin des néons de Times Square.

@Benjamin Petit

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C’est ici que reposent les indigents, les bébés mort-nés ou les cadavres non identifiés. Les oubliés de New York. Près d’un million d’âmes hantent Hart Island. Achetée par la ville en 1868, l’île a entre autres accueilli un hôpital psychiatrique, des prisons, une maison de correction ou encore une base de missiles. Et depuis près de 150 ans, elle est l’unique fosse commune de la ville de New York.

Mais Hart Island n’est pas un simple cimetière, c’est un tombeau quasi inaccessible, sous contrôle strict du Department Of Correction (DOC), l’administration pénitentiaire. Car sur l’île, du mardi au vendredi, se succèdent les détenus aux tenues orange de la prison de Rikers Island pour y creuser les tombes et y enterrer par centaines les corps arrivés par camions frigorifiques. Mettre un pied sur l’île est aussi difficile que d’entrer dans une prison. Jusqu’en 2012, c’était tout simplement impossible. Pour des questions de sécurité et par manque de moyens, le DOC n’autorisait aucune visite pour les familles des défunts…

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