Bassin industriel de Lacq : l’intox derrière les fumées

19 juillet 2018  |  dans Enquêtes

Protocole de calcul de la surmortalité des riverains : les coulisses, la recette, les ingrédients

Par Elsa Dorey & Ariane Puccini

Données indisponibles, protocole difficile à établir… Les excuses avancées par les autorités sanitaires pour expliquer l’impossibilité d’une étude épidémiologique autour du Bassin industriel de Lacq (Pyrénées Atlantique) ne sont plus recevables pour les riverains de ce site concentrant une vingtaine d’entreprises classées Seveso. Un matin de 2015, ceux-ci découvrent avec stupeur, au détour d’une enquête de la Cour des comptes, que cette étude qu’ils réclamaient depuis longtemps avait été réalisée… 13 ans plus tôt. Pendant toutes ces années, les autorités ne s’étaient pas empressées de leur communiquer les résultats qui concluaient pourtant à une surmortalité inquiétante autour du site pétrochimique.
Aujourd’hui et depuis bientôt deux ans, l’Autorité Régionale de Santé de la Nouvelle Aquitaine prépare la poursuite de cette étude, incluant des données récentes pour évaluer la mortalité autour du Bassin entre 2002 et 2015. Elle devrait en révéler les résultats dans les prochains mois, à moins d’un éventuel retard.
Nous avons d’ores et déjà calculé ces chiffres jusqu’à 2013.
Ainsi, « entre 1968 et 2013, 185 personnes ne seraient pas mortes prématurément si elles avaient habité à plus de 20 kilomètres des usines. »

Ci-dessous, le lecteur trouvera la méthode et les ressources pour y parvenir. Car les données sont disponibles et n’attendent qu’à être exploitées. L’exercice peut sembler ardu mais il n’est pas impossible. Nous remettons ici à tous les clés de la surveillance de la surmortalité autour du Bassin de Lacq, une question de démocratie sanitaire dont peuvent désormais se saisir les riverains.

Pour relire les quatre volets de nos enquêtes, suivez ces liens :
Volet 1 : Fumées suspectes, odeurs irritantes et surmortalité inquiétante autour du bassin pétrochimique de Lacq
Volet 2 : Comment Total et ses sous-traitants exposent leurs ouvriers à des produits toxiques en toute connaissance de cause
Volet 3 : Quand l’État reste impuissant face aux rejets de substances très toxiques par les industriels
Volet 4 : A Lacq, l’industrie pollue gratuitement et impunément grâce à des élus locaux anti-écologie

Etude géographique du risque sanitaire autour du bassin industriel de Lacq

Etude géographique du risque sanitaire autour du bassin industriel de Lacq


 

Notre démarche s’est basée sur la publication scientifique de l’Institut de santé publique, d’épidémiologie et de développement (Isped) parue en décembre 2002 et intitulée Etude géographique du risque sanitaire autour du bassin industriel de Lacq (voir données en annexes). A l’époque, les chercheurs s’étaient focalisés sur une période allant de 1968 à 1998, et ils préconisaient la poursuite du suivi. Un conseil non appliqué à ce jour par l’Agence Régionale de Santé, malgré ces premières conclusions inquiétantes.

Face à ce silence, nous avons décidé de poursuivre cette étude en collectant les données de recensement et de mortalité sur la période située entre 1999 et 2013, puis en calquant la méthode pas à pas pour obtenir les chiffres actuels.

Les données et résultats de la première étude ont été insérés dans le tableur excel Etude géographique du risque sanitaire autour du bassin industriel de Lacq 1999-2013 pour permettre une analyse globale de la surmortalité du bassin de Lacq.

Philosophie de la méthode

L’étude épidémiologique initiale permettait de réaliser une comparaison de la mortalité entre trois zones concentriques autour des usines. La zone la plus proche de celles-ci fut appelée la Zone Exposée (ZE). Elle fut déterminée par l’ancienne Dreal, la Direction Régionale de l’Industrie, la Recherche et de l’Environnement (Drire) à partir des connaissances sur les risques industriels potentiels. Deux couronnes de communes autour de la Zone Exposée, Zone Non Exposée 1 (ZNE1) et Zone Non Exposée 2 (ZNE2), ont également été dessinées.

Les données de mortalité ont été regroupées par groupe d’âge, de sexe, de maladie, de période et de zone géographique. Si d’autres méthodes statistiques étaient applicables, nous avons choisi de conserver celle-ci pour obtenir des résultats comparables sur l’ensemble de la période, de 1968 à 2013, et constater l’évolution de la mortalité. Deux épidémiologistes ont relu attentivement nos calculs pour attester de leur valeur scientifique.

Éviter les biais des petits échantillons

Avant de comparer la mortalité entre ZE et ZNE1, puis entre ZE et ZNE2, les données ont été normalisées grâce aux données de mortalité d’une population de référence, en l’occurrence, celle de l’Aquitaine. Cette méthode statistique est connue sous le nom de « standardisation indirecte. » Plus l’échantillon est petit, plus le risque que le nombre de morts à un instant T ne soit pas représentatif de la situation réelle est élevé. Ici, nous sommes dans ce cas : on comptait entre 1999 et 2007 entre 80000 et 90000 habitants dans l’ensemble des zones étudiées (ZE + ZNE1 + ZNE2). Pour éviter ce biais statistique, les données de mortalité sont “lissées” en les comparant à un échantillon de population environnante plus grand. En comparant le nombre cas observés dans le petit échantillon (ZE, ZNE1 ou ZNE2) avec le nombre de cas qu’on aurait eu si cette population était semblable en tout point à celle de l’Aquitaine, on obtient une donnée standardisée, plus proche de la situation réelle.

Obtenir les données brutes de recensement

L’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) se charge de collecter, tous les 5 à 9 ans, les données de recensement des populations. Un coup de téléphone à l’Insee permet de récupérer l’historique des recensements par département et par communes depuis 1968. Il s’agit ensuite de regrouper ces population par sexe et par catégorie d’âge (plus de 65 ans et moins de 65 ans) pour pouvoir les mettre en relation avec les données de mortalité.

Voir la feuille « Recencement ZE, ZNE1, ZNE2 » et « Recencement Aquitaine » dans le tableur excel Etude géographique du risque sanitaire autour du bassin industriel de Lacq 1999-2013


Obtenir les données brutes de mortalité

Le centre d’épidémiologie sur les causes médicales de décès (CépiDc) est un laboratoire de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) chargé de collecter et de diffuser les causes médicales de décès en France et les recherches à ce sujet. C’est vers celui-ci qu’il faut se tourner pour obtenir les données de mortalité nécessaires à nos calculs.

Cependant, les données de mortalité sont des données de santé, qui sont considérées comme sensibles car elles sont personnelles. Elles font ainsi l’objet d’une protection particulière par les textes (règlement européen sur la protection des données personnelles, loi Informatique et Libertés, code de la santé publique, etc.) afin de garantir le respect de la vie privée des personnes (https://www.cnil.fr/fr/sante). Elles ne peuvent être communiquées et utilisées que dans les conditions déterminées par la loi. https://www.cnil.fr/fr/communiquer-des-donnees-de-sante-0.

Ainsi, ces données sur la mortalité ne peuvent être transmises qu’une fois regroupées – par pathologies, zones géographiques, lieux de décès, etc. Si la précision demandée rompt la confidentialité, l’accord de la Cnil sera toujours exigé avant diffusion de données spécifiques. Dans le cas présent, l’autorisation de la Cnil n’était pas nécessaire et nous avons pu obtenir les données en contactant directement le CépiDc.

Le laboratoire nous a ainsi fourni des données de mortalité groupées par zones géographiques (communes des zones ZE, ZNE1 et ZNE2, attention le code Insee est à spécifier), par tranche d’âge (plus et moins de 65 ans), par sexe, par période (1999-2006 et 2007-2013) et par cause de décès. Les périodes ont été déterminées en fonction des dates de recensement et des dernières données disponibles. En mars 2016, les dernières données disponibles remontaient au 31 décembre 2013. Les causes de décès sont codées par le Classement International des Maladies (CIM), il est nécessaire de spécifier ces codes dans la demande adressée au CépiDc.

Mail envoyé au CépiDc :

Bonjour,
Suite à notre conversation téléphonique d’hier, je reviens vers vous pour vous décrire précisément mes besoins. Je suis à la recherche de données de mortalité sur des groupes de communes des Pyrénées-Atlantiques.
Les groupes sont à définir selon ces critères :
– Age : Moins de 65 ans et plus de 65 ans,
– Genre : Chez les hommes d’une part, chez les femmes d’autre part,
– Période : Groupes de personnes décédés entre 1999 à 2006, puis ceux décédés dans la période 2007-2014.
– Cause de décès :
> Les décès toutes causes confondues, hors causes accidentelles, (Codes CIM9 : <800.0) > Les décès par tumeur de la trachée, des bronches et du poumon ( Codes CIM 9 : 162.0-162.9 ; Codes CIM 10 : C33 et C34),
> Les décès par tumeur d’autres parties de l’appareil respiratoire et des organes thoraciques (Codes CIM 9 : 160.0-160.9 et 163.0-163.9 ; Codes CIM 10 : C45, C30, C31, C38 et C39.
> Les décès par maladies de l’appareil circulatoire (Codes CIM 9 : 390.0-459.9 ; codes CIM 10 : i00 à i99)
> Les décès par maladies de l’appareil respiratoire (Codes CIM 9 : 460.0-519.9 ; Codes CIM 10 : J00 à J99)
– Zones géographiques :
> 1er groupe : toute l’Aquitaine
> Groupe A, regroupant les communes suivantes (entre parenthèses figurent les codes Insee de chaque commune) :
Abidos (64003)
Abos (64005)
Argagnon (64042)
Arthez-de-Béarn (64057)
Artix (64061)
Besingrand (64117)
Denguin (64198)
Labastide-Cezeracq (64288)
Labastide-Monrejeau (64290)
Lacq (64300)
Lagor (64301)
Lahourcade (64306)
Maslacq (64367)
Mont (64396)
Mourenx (64410)
Noguères (64418)
Os-Marsillon (64431)
Parbayse (64442)
Pardies (64443)
Serres-Sainte-Marie (64521)
Tarsacq (64535)
Urdes (64541)
> Groupe B regroupant les communes suivantes (figurent entre parenthèses les codes Insee de chaque commune) :
Arbus (64037)
Arnos (64048)
Artiguelouve (64060)
Aubertin (64072)
Aussevielle (64080)
Balansun (64088)
Beyrie-en-Béarn (64121)
Biron (64131)
Bougarber (64142)
Boumourt (64144)
Cardesse (64165)
Casteide-Cami (64171)
Castetis (64177)
Castetner (64179)
Castillon (Canton d’Arthez de Béarn) (64181)
Cescau (64184)
Cuqueron (64197)
Doazon (64200)
Hagetaubin (64254)
Lacommande (64299)
Laroin (64315)
Lescar (64335)
Loubieng (64349)
Lucq-de-Béarn (64359)
Mesplede (64382)
Monein (64393)
Poey-de-Lescar (64448)
Pomps (64450)
Sarpourenx (64505)
Sauvelade (64512)
Siros (64525)
Viellenave-d’Arthez (64554)
Viellesegure (64556)
> Groupe C regroupant les communes suivantes (figurent entre parenthèses les codes Insee de chaque commune) :
Aren (64039)
Aubin (64073)
Audaux (64075)
Bastanes (64099)
Bouillon (64143)
Bugnein (64149)
Casteide-Candau (64172)
Castetbon (64176)
Caubios-Loos (64183)
Dognen (64201)
Estialescq (64219)
Estos (64220)
Geus-D’Arzacq (64243)
Goes (64245)
Jasses (64281)
Laa-Mondrans (64286)
Labeyrie (64295)
Lacadee (64296)
Larreule (64318)
Lasseube (64324)
Lay-Lamidou (64326)
Ledeuix (64328)
Lons (64348)
Mazerolles (64374)
Meritein (64381)
Momas (64387)
Montardon (64399)
Morlanne (64406)
Navarrenx (64416)
Ogenne-Camptort (64420)
Ozenx-Montestrucq (64440)
Poey-d’Oloron (64449)
Prechacq-Navarrenx (64459)
Saint-Faust (64478)
Saint-Médard (64491)
Sallespisse (64501)
Saucede (64508)
Sault-de-Navailles (64510)
Sauvagnon (64511)
Serres-Castet (64519)
Uzan (64548)
Uzein (64549)
Verdets (64551)

Réponse obtenue :

3 bis
 

Les données brutes sont présentées dans la feuille « Cause mort CépiDc » du tableur excel Etude géographique du risque sanitaire autour du bassin industriel de Lacq 1999-2013

Traçabilité des données dans le document Excel

Une fois ces données collectées, leur utilisation statistique peut commencer. Pour éviter de se perdre entre chaque étape, pour pouvoir tracer et vérifier nos calculs à tout moment, nous avons sourcé nos calculs dans chaque formule. Grâce à ce fil conducteur, il est possible depuis la feuille « Graphique relatif à T6 » de remonter pas à pas jusqu’à la source des données.

Dans chaque feuille du tableur excel Etude géographique du risque sanitaire autour du bassin industriel de Lacq 1999-2013, une ou plusieurs colonnes grises sont des zones de référence. Les formules viennent piocher dans ces cellules pour permettre des calculs plus efficaces.

Condenser les données de recensement

Nous avons ensuite calqué les différents tableaux proposés par la première étude de 2002. La feuille « Tableau 4 » présente les données de recensement par âge, sexe, période et zone. Pour la période entre 1999 et 2006, nous nous sommes basées sur le recensement de 1999, et pour la période allant de 2007 à 2013, sur celui de 2007.

Calcul de l’indice comparatif de mortalité

L’étape suivante consistait à calculer l’Indice Comparatif de Mortalité (ICM), c’est-à-dire le rapport entre le nombre de morts attendus sur chaque zone (voir détail du calcul dans le paragraphe suivant) et le nombre de morts réels dans ces zones, fournis par le CépiDc.

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5
 

Si les ICM hommes et femmes confondus et pour tous les âges sont calculés et présentés dans « tableau 5 », puis reportés dans « tableau 6 », les ICM spécifiques (par âge et par sexe) sont calculés directement dans « tableau 6 » du tableur excel Etude géographique du risque sanitaire autour du bassin industriel de Lacq 1999-2013

Calcul du taux spécifique de mortalité

Calculer le nombre de morts attendus a nécessité de passer par une étape intermédiaire en déterminant le taux spécifique de mortalité de la population de référence (Aquitaine) pour chaque période, classe d’âge, sexe et type de maladie. Celui-ci est un ratio du nombre de décès réels (ici, entre 2007 et 2013) sur le nombre d’habitants (ici, recensés en 2007). Ce taux de mortalité est ensuite affecté à la population de chaque zone.

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Le chiffre obtenu est un nombre de morts fictif, appelé nombre de morts « attendus ». Lors du calcul de l’ICM, il s’agit, comme précisé ci-dessus, de comparer le nombre de morts attendus au nombre de morts réels sur chaque zone, pour effacer les fameux biais de calcul statistique évoqués en début d’article.

Voir « tableau 5 » du tableur excel Etude géographique du risque sanitaire autour du bassin industriel de Lacq 1999-2013


Calcul des intervalles de confiance des ICM

Cette étape possède deux intérêts. En premier lieu, elle permet de savoir si la mortalité des populations vivant dans les zones étudiées est plus ou moins par rapport à la mortalité moyenne de la région. Mais la valeur brute de l’ICM calculé est une image à un instant t. Pour avoir une vision plus juste de la mortalité sur la zone, il faut intégrer une marge d’erreur (appelée intervalle de confiance) autour de cette « image ». Ainsi, quel que soit l’ICM calculé, on est sûr à 95 % que l’ICM réel se situe dans cet intervalle de confiance.

Lecture de ces premiers résultats

Ainsi pour lire ces résultats et les suivants, il faut considérer que :
Intervalle de confiance > 1
> Le risque de mortalité est identique entre la population de la zone concernée et la population de référence (Aquitaine),
Si l’intervalle de confiance dans son ensemble (y compris la borne supérieure) est inférieur à 1
> Il y a une sous-mortalité dans la zone concernée,
Si l’intervalle de confiance dans son ensemble (y compris la borne inférieure) est supérieur à 1
> Il y a une surmortalité dans la zone concernée.

Comparer la mortalité des zones

Au-delà de la comparaison entre les populations des zones étudiées et celles de l’Aquitaine, l’étape de calcul de l’ICM permet – comme expliqué plus haut – de standardiser les taux qui seront ensuite utilisés dans l’étape suivante pour comparer les ICM de chaque zone. La phase suivante consiste à comparer la mortalité des zones ZE, ZNE1 et ZNE2 entre elles, c’est-à-dire d’effectuer le rapport entre :
> l’ICM (ZE) et l’ICM (ZNE1),
> l’ICM (ZE) et l’ICM (ZNE2).

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Etude géographique du risque sanitaire autour du bassin industriel de Lacq 1999-2013 : voir « tableau 6 »

Calcul des intervalles de confiance des ICM (E/NE)

A nouveau, ce calcul ne donne qu’une image ponctuelle. Pour apprécier correctement les résultats, il est indispensable d’inspecter l’intervalle de confiance (IC), selon les règles définies précédemment. A noter que plus l’échantillon de données est important, plus l’intervalle de confiance se réduit. Plus il se réduit, plus il est précis. Ainsi les données des maladies respiratoires, des tumeurs respiratoires, de la trachée, des bronches et des poumons sont difficilement exploitables, car l’échantillon de base est réduit et l’intervalle de confiance, étendu.

L’intervalle de confiance se calcule en appliquant deux formules à choisir en fonction d’un sous-total calculé.

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Chaque calcul des intervalles de confiance a été décomposé dans les cinq feuilles intitulées « IC » du tableur excel Etude géographique du risque sanitaire autour du bassin industriel de Lacq 1999-2013

Le calcul de l’intervalle de confiance est une étape déterminante et fastidieuse… surtout quand une erreur se glisse dans la formule exposée dans l’étude initiale ! Ainsi, cette formule exposée dans la méthodologie de l’étude de 2002 est erronée :

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Il a fallu mobiliser patience et longueur de temps, ainsi qu’aller contrôler les formules dans des ouvrages de référence pour identifier d’où venait l’erreur. Une minuscule faute de frappe lors de la rédaction finale de l’étude initiale est à la source de ce contretemps. Pour calculer les bons intervalles de confiance, il faut appliquer la formule suivante :

DtE
DE représente le nombre de décès observés dans la zone E
DtE représente le nombre de décès attendus dans la zone E

Certains intervalles de confiance ne figurent pas dans l’étude initiale. Nous n’avons ainsi pas pu les intégrer au tableau 6.

Mise en forme graphique

Les données ont ensuite été présentées sous forme de graphiques pour une meilleur lisibilité des données.

Si dans l’article nous avons retenu un graphique particulier (celui présentant la surmortalité dans la zone E par rapport à la zone NE2 toutes causes confondues, hommes et femmes de moins de 65 ans), l’ensemble des graphiques sont présentés dans la feuille intitulée « graphique relatifs à T6 » du tableur excel Etude géographique du risque sanitaire autour du bassin industriel de Lacq 1999-2013

Calculer le nombre de morts supplémentaires

Voilà pour le calcul des les taux de mortalité. Mais comment aboutir à cette phrase : « entre 1968 et 2013, 185 personnes ne seraient pas mortes prématurément si elles avaient habité à plus de 20 kilomètres des usines. » ? Comment aboutir à un nombre de mort excédentaire ?

Le résumé de l’étude initiale mentionne :

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Ces « 1124 décès recensés » ne sont pas présentés dans l’étude initiale. Le calcul de ce chiffre s’effectue en additionnant le nombre de décès observés indexé dans l’annexe 3 de l’étude originale***.

Nous avons recopié ce tableau dans la feuille « Ann3 » du tableur excel Etude géographique du risque sanitaire autour du bassin industriel de Lacq 1999-2013. Tous les calculs du nombre de décès supplémentaires y sont consignés.

Cependant, si ces chiffres sont mentionnées, à aucun moment ni dans l’étude, ni dans le résumé de l’étude il n’est pas fait mention de la méthode de calcul du nombre de morts. Voici donc notre propre méthode :

{Nombre de morts « statistique »} = S
{Nombre de morts observés} = O
{Nombre de morts supplémentaires} = Sup
S = 1 / ICM(E/NE) x O
Sup = O – S
En simplifiant, ceci équivaut à la formule : Sup = O – (1/ICM(E/NE) x O)
Ainsi, pour trouver le nombre de décès supplémentaires dans la zone exposée chez les habitants âgés de moins de 65 ans, toutes causes confondues, les auteurs de la première étude ont fait le calcul suivant :
Sup = 1124 – (1/1,14 x 1124) = 136,1056 ≈ 136
(à noter que 14 % de surmortalité = 114 / 100 = 1,14)

Pour aboutir au chiffre de 185 morts supplémentaires, nous calculé le nombre de décès observés sur l’ensemble de la période (de 1998 à 2013), puis nous avons appliqué cette formule en nous focalisant sur la même catégorie : décès toute causes confondues hors causes accidentelles ; hommes+femmes ; moins de 65 ans (= mort prématurée).

Et après ?

Nous sommes persuadées que des riverains soucieux de leur santé et persévérants peuvent à leur tour s’emparer de cette méthode et continuer, grâce à ces outils, à surveiller l’évolution de la surmortalité dans le bassin industriel de Lacq. Les cellules du document excel sont alimentées grâce à des colonnes de référence grisées et situées à gauche de chaque feuille. En important de nouvelles données dans le document et modifiant cette zone de référence, la poursuite de l’étude post 2013 devient possible.

A vous de jouer !

Ariane Puccini & Elsa Dorey

Pollution dans le bassin de Lacq : l’enquête

Volet 1 : Fumées suspectes, odeurs irritantes et surmortalité inquiétante autour du bassin pétrochimique de Lacq
Volet 2 : Comment Total et ses sous-traitants exposent leurs ouvriers à des produits toxiques en toute connaissance de cause
Volet 3 : Quand l’État reste impuissant face aux rejets de substances très toxiques par les industriels
Volet 4 : A Lacq, l’industrie pollue gratuitement et impunément grâce à des élus locaux anti-écologie

Documents en téléchargement :
– Tableur excel Etude géographique du risque sanitaire autour du bassin industriel de Lacq 1999-2013
Etude géographique du risque sanitaire autour du bassin industriel de Lacq (complète, format PDF)
Etude géographique du risque sanitaire autour du bassin industriel de Lacq (résumé, format PDF)