Les orphelins des féminicides sont les grands oubliés de l’Etat

3 mai 2021  |  dans Enquêtes

affichewebPartout en France, des enfants deviennent orphelin·e·s de mère à la suite de féminicides. Ils sont bien souvent laissés à leur sort, sauf en Seine-Saint-Denis. Le sujet est abordé mardi à l’occasion du Grenelle des violences conjugales.

Ce sont les victimes oubliées, celles dont on ne parle jamais et pour lesquelles très peu d’aides ont été mises en place, malgré la souffrance qui est la leur. Ce sont les orphelins et orphelines de mère à la suite de féminicides, parfois témoins des faits, toujours durablement traumatisé·e·s, et bien souvent isolé·e·s.

Le sujet doit justement être abordé dans le cadre du Grenelle des violences conjugales organisé par le gouvernement. Sera notamment discutée la généralisation d’un dispositif unique en France, le « protocole féminicide », mis en place depuis 2014 par la Seine-Saint-Denis avec le parquet, un hôpital, l’Observatoire départemental des violences et l’Aide sociale à l’enfance (ASE), qui permet une prise en charge globale de ces enfants.

Selon l’entourage d’Adrien Taquet, secrétaire d’État chargé de la protection de l’enfance, « la généralisation du protocole fait partie des propositions débattues pour le Grenelle et elle sera évoquée le 29 octobre lors de leur restitution à mi-parcours ».

Cette mesure était déjà prévue depuis deux ans, mais elle n’a jamais été mise en œuvre. Le plan triennal de lutte contre les violences faites aux enfants du 1er mars 2017 avait en effet entériné le développement d’un protocole de « prise en charge hospitalière immédiate des enfants lors de meurtres intrafamiliaux » sur le modèle de la Seine-Saint-Denis.

Selon le document officiel, le « calendrier de mise en œuvre pour la diffusion du protocole type » était fixé au second semestre 2017.

« C’était prévu et cela n’a pas été mis en place, se désole la psychiatre spécialiste du psychotraumatisme Muriel Salmona, qui avait participé à l’élaboration de ce plan et fait partie du groupe de travail du Grenelle sur les enfants victimes. Il faut absolument qu’il y ait quelque chose de fléché pour les proches des victimes de féminicide, comme ce qu’on fait pour celles d’attentats, avec un bureau des victimes et la Commission d’indemnisation des victimes d’infractions investie. »

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