Marché numérique : une reprise mondiale attendue en 2010

15 janvier 2010  |  dans Economie

Crédit : DR

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L’Europe pourrait prendre une légère avance sur les Etats-Unis en 2010, tandis que les pays BRIC ont à peine été freinés par la crise dans leur vertigineuse ascension sur ce marché.

« Il y a 10 ans les TIC (technologies de l’information et de la communication) étaient la cause de la crise. Cette  fois-ci, elles en sont la solution », assure Thomas Mosh, directeur général de l’EITO, l’Observatoire européen des technologies de l’information, venu présenter les perspectives du secteur lors d’une conférence organisée par Ubifrance. Le marché en jeu reste toujours aussi alléchant, une décennie après l’éclatement de la bulle Internet.Au total, le marché des technologies de l’information et de la communication représente au niveau mondial 2371 milliards d’euros. Selon l’EITO, La croissance attendue du secteur en 2010 serait de 3,2% contre une progression de 0,1% en 2009. L’Europe est parvenue à prendre en 2009 une légère avance sur le marché américain en s’octroyant 27,8% de part de marché (dont 19,9% que se partagent l’Italie, l’Espagne, le Royaume-Uni, l’Allemagne et la France) contre 26,7% pour les Etats-Unis. Et en 2010, l’Union européenne accroîtra légèrement son avance sur les Etats-Unis avec une croissance dans le secteur de 0,7% (contre 0,3% aux Etats-Unis). Le Vieux continent devra rester dominé en 2010 par l’Allemagne (20% de part de marché), et par le Royaume-Uni (19% de parts de marché).

Parmi les pays membres de l’U.E., le marché des logiciels et de l’équipement informatique devrait atteindre en 2010 214,9 milliards €, soit une croissance de 1,1% par rapport à 2009, et qui permettrait au secteur de flirter avec son niveau d’avant-crise (216 milliards € en 2008). Pour Thomas Mosh, le phénomène était attendu : « Si vous discutez avec des entrepreneurs et leur demandez comment ils gèrent le renouvellement de leur matériel informatique en temps de crise, ils vous diront qu’ils ont étendu le cycle de vie de leur équipement. C’est pourquoi l’industrie du hardware a vu ses ventes diminuer en 2009 tandis que les services ont progressé. » Côté technologies de l’information, le marché s’élèvera à 300,6 milliards d’euros en Europe selon l’EITO. « Le secteur des télécommunications n’a pas été aussi durement touché par la crise que les hautes technologies, explique Thomas Mosh. Car le marché a bénéficié de nouvelles technologies et du développement des infrastructures. »

Mais dans le monde, ce sont les pays BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine) qui tirent leur épingle du jeu. La croissance du secteur dans ces pays émergeants a été tout au plus ralentie par la crise (+4,9% en 2009) et devrait reprendre de plus belle en 2010 (+7,5%). Le groupe de pays est tiré par l’Inde qui affiche pour les technologies de l’information et de la communication une croissance de 13,7% en 2010, suite à une progression11% en 2009. « La Russie devrait se remettre de la crise en 2010 avec une croissance du marché de 6,6% (contre – 0,2% en 2009, NDLR) », prévoit Thomas Mosh. Une reprise notamment due à l’Internet et aux télécommunications : en Russie, le secteur devrait progresser de 8,6% en 2010.

Kayentis : déjà aux Etats-Unis, bientôt en Europe

Guillaume Juge, directeur général de Kayentis, raconte l’aventure de son entreprise en outre-atlantique.

« Le marché des Etats-Unis représente 60% du marché mondial. Le choix du pays d’implantation à l’étranger a été facile. » Pour l’instant leader sur le marché de la retranscription de texte manuscrit en fichiers numériques, la jeune entreprise qui compte 35 employés tient à conserver son titre. « Il faut accélérer notre activité pour consolider notre position sur 5 ou 10 ans », explique Guillaume Juge, directeur général de Kayentis. Sur le marché de prédilection de l’entreprise, la santé, la patience est de mise pour prendre pied aux Etats-Unis. « Il y a une dynamique évidente aux Etats-Unis, admet Guillaume Juge. Mais il y faut une première expérience significative pour ensuite pouvoir la dupliquer. » Aux Etats-Unis ou en Europe, la prochaine destination de Kayentis, le challenge est de taille. « Pour se projeter à l’étranger quand on est tout petit, il faut une carte de visite afin de se faire entendre. » La start-up qui a repris une innovation Hewlett Packard a obtenu un laisser-passer grâce à un partenariat signé avec la multinationale américaine. « Si l’on souhaite aller à l’international, pas question d’y aller tièdement, sinon on court droit à l’échec », prévient Guillaume Juge.

Aux Etats-Unis, Kayentis a mis les moyens : prospection début 2009 à travers tout le pays avec l’aide de 8 missions économiques, une équipe sur place dédiée à l’entreprise. « Nous nous sommes interdit l’approche indirecte. Nous n’aurions jamais trouvé un commercial grand compte qui se serait dépassé pour nous. Il faut dans un premier temps créer des références pour envisager, dans un second temps, une approche indirecte », conseille-t-il. L’entreprise qui vise un chiffre d’affaires réalisé à 80% à l’étranger d’ici 3 ans (aujourd’hui à 50%) met le cap vers l’Europe avec « une approche très pragmatique ». « Nous allons faire des choix prioritaires sans nous disperser », explique le chef d’entreprise. Dans le collimateur : l’Italie et l’Espagne, avec une stratégie de « Quick win », de conquête rapide. Mais que ce soit pour les Etats-Unis ou l’Europe, Guillaume Juge recommande aux entreprises trois scénarii, sous forme de business plans : « le good, le bad et l’ugly » (le bond, le mauvais et l’atroce). Si l’aventure s’engage sur la voie de l’Ugly, « il faut savoir faire marche arrière », recommande Guillaume Juge.