Pink Martini – Gazon Béni

10 septembre 2009  |  dans Culture, France

Photo : Juliette Robert / Youpress

Photo : Juliette Robert / Youpress

Pour son quatrième album, « Splendor in the Grass », Pink Martini délaisse les années 50 pour plonger dans les seventies, et renoue avec la spontanéité de ses débuts. Rencontre en exclusivité avec sa tête pensante, Thomas Lauderdale, au studio de la Grande Armée à Paris.

A les voir travailler calmement, chacun le nez dans son ordinateur, on ne croirait pas qu’ils n’ont qu’à peine neuf jours pour mixer les quatorze chansons du nouvel opus du groupe de Portland. « On est un peu à la bourre » concède placidement Dave Friedlander, ingénieur du son de Pink Martini depuis leurs débuts. Le groupe a choisi Paris et le studio de la grande armée, porte Maillot, pour peaufiner « Splendor in the Grass ». La raison : un magnéto à bandes 24 pistes, quasiment introuvable aujourd’hui, et qui donne ce son vintage propre à l’esprit de Pink Martini.

Pour ce quatrième album, le groupe n’abandonne pas complètement les contrées hollywoodiennes qu’il affectionne. « Splendor in the grass » est d’ailleurs le titre original de »La fièvre dans le sang » du réalisateur Elia Kazan. Mais contrairement au film, l’album de Pink Martini se veut optimiste. « Pour moi, Splendor in the grass évoque quelque chose de romantique, le retour à la nature, des choses réelles comme marcher dans un parc, faire du camping… » explique Thomas Lauderdale, fondateur et directeur artistique du groupe. Un petit côté fleuri qui peut surprendre de la part de Pink Martini, mais il faut bien avouer que cela fonctionne. En témoigne Tuca Tuca, tube italien de 1971, qui fleure bon le Martini et la dolce vita.

« Où est ma tête ? »

Une évolution seventies que le combo doit à Alex Marashian, complice de longue date de Thomas Lauderdale. « J’adore Pink Martini depuis le début, mais je n’ai pas vraiment les mêmes influences qu’eux. J’écoute plutôt du rock indépendant comme Sonic Youth ou Pavement. Quand Thomas m’a proposé de travailler avec lui, je me suis retrouvé dans un monde où je me sentais très libre. Je n’étais pas enfermé dans des représentations » explique l’intéressé. « Pink Martini ne s’était jamais vraiment inspiré des années 60 et 70. J’ai proposé à Thomas de plonger dans cette période, et de l’intégrer dans le monde de Pink Martini ».

Les deux amis ont donc retravaillé la première ébauche de « Splendor in the grass » enregistrée en automne dernier avec China Forbes, la chanteuse du groupe. Un travail de réécriture qui a accouché notamment de « Où est ma tête », petit bijou d’humour absurde. « D’habitude je n’aime pas faire des albums, ça me rend très anxieux » raconte Thomas Lauderdale entre deux cigarillos, « mais là je me suis beaucoup amusé, c’était comme travailler sur un premier album à nouveau ». Alex Marashian, éditeur dans la presse magazine, n’a en effet jamais réalisé d’album de sa vie. « Cela faisait vingt ans que je n’avais pas touché un piano ! Disons que j’ai apporté des intuitions, et que Thomas les a transformé en choses merveilleuses ». Et on peut dire que le résultat est à la hauteur. « Splendor in the grass » mélange ces influences nouvelles aux rythmes bossa nova et jazz qui font la marque de Pink Martini. Avec une invité de marque : Chavela Vargas, 90 ans, qui interprète ce qui pourrait être une ultime version de « Piensa en mi », enregistrée au pied de son lit, au Mexique.