Le petit éolien veut devenir grand

23 décembre 2010  |  dans France, Société

Mini-éoliennes dessinées par Philippe Starck au siège d'Alstom Power à Massy  Crédits photo : Windeo

Mini-éoliennes dessinées par Philippe Starck au siège d'Alstom Power à Massy Crédits photo : Windeo

La filière des mini-éoliennes explose en Grande-Bretagne et aux États-Unis, mais elle peine à s’imposer en France. Notre pays possède pourtant un véritable potentiel.

Les États-Unis l’ont déjà massivement adopté : plus de 10.000 mini-éoliennes ont été installées en 2008. En France, on en compte moins d’un millier. Pourtant, le petit éolien pourrait être l’avenir de l’énergie renouvelable. Installées sur des toits ou des mâts de 12 à 25 mètres, les mini-éoliennes fournissent de l’énergie pour une maison, une exploitation agricole ou des bureaux. D’une puissance de 1 à 25 kilowatts, ces éoliennes dernière génération sont plus adaptées que leurs aînées aux zones habitées, et sont plus silencieuses, plus efficaces et plus design : le créateur Philippe Starck a ainsi dessiné sa propre éolienne, commercialisée par Pramac.

Un marché de niche

La société belge Windeo, un des leaders du secteur, se veut enthousiaste. « Nous avons triplé nos ventes en 2010, nous comptons installer 550 machines cette année» se félicite son directeur, Loïc Péquignot. Windeo travaille surtout avec des particuliers. «Nos clients veulent être autonomes et surtout se prémunir des hausses futures du prix de l’électricité» explique-t-il. Sa société promet un retour sur investissement en 10 ans. « L’éolienne Skystream de 2 KW coûte 12.000 euros, mais elle peut permettre à une famille raccordée au réseau EDF et qui consomme 4.000 KWH par an de réduire sa facture de 40 à 100% », assure le patron de Windeo. Un crédit d’impôt rembourse 50% de la machine. Mais il reconnaît que le «small wind» reste un marché de niche. Sa société a donc massivement investi dans la communication. «La pédagogie est essentielle car l’éolien est mal connu » estime-t-il. La filière souffre en effet d’une mauvaise image. Et la faillite de la société France-éolienne, qui a lésé des dizaines de clients en 2009, n’a pas arrangé les choses.

Un vivier d’emplois inutilisé

Le secteur manque surtout de normes communes. Les professionnels ne sont déjà pas d’accord entre eux sur la rentabilité de leurs machines. Si Windeo assure qu’une éolienne peut être rentable avec un vent de 7 km/heure et un mât de moins de 12 mètres, Olivier Krug, président de l’association française des professionnels du petit éolien, penche lui pour des mâts de 12 à 18 mètres et un vent deux fois plus puissant. La législation française ne facilite pas non plus leur développement. «En dessous de 12 mètres, c’est le désert réglementaire, mais au-dessus de cette hauteur, ça devient un vrai casse-tête, car on est assimilé au grand éolien. Nous militons aujourd’hui pour une tranche intermédiaire» explique Olivier Krug. La profession s’est structurée en association pour mieux défendre ses intérêts. « Nous réfléchissons à des standards communs pour les produits, la formation, et pour les installateurs » assure Olivier Krug. Tous sont d’accords, cependant, pour dire qu’avec un meilleur soutien de l’Etat, la filière peut créer facilement des emplois. La France possède en effet les entreprises, les compétences et le deuxième gisement éolien d’Europe. La demande, quant à elle, se renforce, notamment à l’exportation.

Des éoliennes en ville ?

L’éolien urbain fait débat. La société Windeo a déjà installé des éoliennes à Bruxelles, à Beyrouth et en banlieue parisienne. L’entreprise Krug, une des plus anciennes du secteur, estime elle que les villes ne sont pas propices à l’éolien. «Le vent y est faible, instable et très difficile à exploiter » selon son directeur Olivier Krug. Pour lui, «l’éolien, c’est comme les moulins, on ne les installe pas n’importe où. Il faut beaucoup de vent, et un minimum d’espace».