Le Français qui déboulonne Lénine

6 avril 2016  |  dans International

Michel Terestchenko assiste, ravi, à l’évacuation de la statue de Lénine à Hloukhiv, « sa » ville !  © Pete Kiehart

Michel Terestchenko assiste, ravi, à l’évacuation de la statue de Lénine à Hloukhiv, « sa » ville !
© Pete Kiehart

Il a été élu maire de Hloukhiv, selon lui, « dernier rempart européen contre la Russie ». Les ancêtres de Michel Terestchenko y sont nés, ils ont été persécutés par Lénine. Le maire vient leur rendre justice. Ce Français qui ne doute de rien veut tout simplement éradiquer la corruption et redonner leur fierté à ses compatriotes ukrainiens. Sacré bonhomme !

Sur l’autoroute qui relie Kiev à Moscou, à une vingtaine de kilomètres avant la frontière russe, un panneau indique Hloukhiv. La route enneigée et pleine d’ornières perce un paysage infini de champs de tourbe, hachés par les arbres effeuillés. Après vingt minutes de voiture, on aperçoit un vieil aéroplane Antonov bleu délavé, pneus crevés et bâche déchirée, carcasse soviétique aux abords d’une ville qui tourne le dos à son passé communiste. Au loin, les toitures dorées des églises de Hloukhiv se détachent dans le gris du ciel.
« Mince alors, ils n’ont toujours pas enlevé ce foutu panneau ! C’est une fausse indication, la vraie sortie est quelques kilomètres plus loin », s’énerve, rieur, et en français, Michel Terestchenko, le nouveau maire de la ville. Il veut que les choses changent, et vite, conscient que c’est sa seule chance de réussir. Le temps de ce reportage, nous le verrons déboulonner une statue, recruter du personnel, tenter de faire tomber des têtes à l’hôpital, assister gentiment à un concert désuet, affronter les doléances des babouchkas… Pas une minute de perdue !

Descendant d’une famille de riches industriels et mécènes ukrainiens poussée à l’exil par la révolution bolchevique de 1917, Michel Terestchenko grandit à Paris. Il met les pieds pour la première fois à Hloukhiv en 2002. Dès l’année suivante, l’entrepreneur divorcé, qui a longtemps travaillé dans l’univers de la plongée sous-marine et affiche aujourd’hui l’embonpoint naissant de ses 61 ans, quitte tout pour s’installer en Ukraine. Depuis douze ans, il gère dans ce pays une fabrique de produits dérivés du lin et du chanvre. Surtout, il a été élu maire de la ville ukrainienne de 35 000 habitants en octobre 2015, et cela contre toute attente : 65 % des votants se sont exprimés en faveur de cet étranger désormais connu de tous. Dans la région, ses ancêtres sont célèbres et respectés. Ils ont construit, à la fin du XIXe siècle, les principaux et plus élégants bâtiments de la ville – église, université, hôpital, collège, banque – encore miraculeusement intacts. Michel a l’intention durant son mandat de nettoyer la région de la corruption, la protéger des velléités du voisin russe – et rendre ainsi ses lettres de noblesse à la terre de ses aïeux. Fondant sa légitimité sur les symboles et le culte de ses ancêtres, le Français apprend maintenant son rôle de maire ukrainien. Le président de l’Ukraine, Petro Porochenko, lui a d’ailleurs remis en personne son passeport en mars 2015.

Déboulonnage de la statue de Lénine © Pete Kiehart

Déboulonnage de la statue de Lénine
© Pete Kiehart


« Goodbye Lénine ! » ose-t-il, les yeux mouillés

Au milieu du parfait héritage dynastique de la ville, qui compte également quatre petits musées, un monument fait tache aux yeux de l’édile : la statue de Lénine. Accompagné de son adjoint Alexandre, Michel s’active pour organiser son déboulonnage. Il en a fait une priorité de début de mandat : « Ce bandit de Lénine a voulu fusiller mon grand-père qui a dû vivre en exil toute sa vie. Surtout, à cause de lui, c’est un siècle de massacres et des millions de morts ! » Ça tombe bien : une récente loi ukrainienne, dans l’optique de reconquête de l’identité nationale, prévoit l’élimination des symboles communistes. L’événement, loin d’être anodin dans ce pays qui a vécu plus de soixante-dix ans sous le joug soviétique, attire les badauds, traits slaves et visages fermés. Les femmes, emmitouflées dans leur manteau démodé, fourrure et béret de laine pour les plus élégantes, simple écharpe sur la tête pour les plus modestes, les plus nombreuses. Les hommes, plutôt costauds et glabres, portent veste de cuir ou gros anorak. Quelques jeunes, avec leur chemise à carreaux, jean ajusté, noeud papillon et coupe de cheveux branchée – les hipsters locaux – dénotent.

Au moment de l’assaut final contre le despote de bronze, le Français, l’allure toujours un peu raide, a du mal à contenir son excitation. Pris d’un rire nerveux, il applaudit, fort, puis s’approche du gisant Lénine et le salue d’une main énergique. « Goodbye Lénine ! » ose-t-il, les yeux mouillés. Une revanche sur l’Histoire, la grande comme la petite. Comme tous les jours ou presque, Michel va se recueillir à l’église des Trois-Saintes-Anastasies, construite par sa famille. Sur le côté de la nef, il ouvre un petit portique puis une porte fermée à clé. Il descend quelques marches et s’arrête au fond d’un couloir sombre : « Voilà, c’est ici qu’il se trouve, juste là sous nos pieds. » Ou plutôt sous le vieux lino beige défraîchi : le caveau familial où repose notamment la sépulture de son arrière-arrière-grand-père Nikola. En 2003, il a pu y accéder, exceptionnellement. Ses yeux s’agrandissent, son timbre ralentit et redouble d’intensité : « J’ai délicatement soulevé le couvercle du cercueil, et là, je l’ai vu, comme je vous vois. Sa peau, ses cheveux… tout était intact ! Il avait la main sur la Bible et il souriait », raconte-t-il comme si c’était hier. Ce jour-là, quelque chose s’est passé entre lui et son aïeul, il en est convaincu. « C’est Nikola qui guide chacun de mes pas. Il y a bien quelque chose de mystique qui fait que je suis ici aujourd’hui. Mais je n’en parle pas à ma famille, ils ne comprendraient pas. Pour eux je suis en Ukraine juste parce que je voulais refaire ma vie. »

Parmi les missions d'un maire: répondre à ses administrés, ici les babouchkas.  © Pete Kiehart

Parmi les missions d’un maire: répondre à ses administrés, ici les babouchkas.
© Pete Kiehart


Illuminé, le nouveau maire ? « Je n’irais pas raconter tout cela à la télévision en France mais, vous savez, ici les gens sont beaucoup plus mystiques que moi… Ils pensent d’ailleurs que je n’ai pas du tout besoin de gardes du corps car mes ancêtres me protègent. » Ses ancêtres, et aussi visiblement les grands-mères de la cité, les babouchkas, qui, à sa grande surprise, ont massivement voté pour lui et n’hésitent pas à l’interpeller dans la rue : « On veut plus de lumière le soir, l’autre jour j’ai failli me faire attaquer par des jeunes », « Il faut du travail pour les jeunes », « Il faut refaire le stade », « Le prix de l’eau est trop cher »… A quoi Michel répond : « Il faut me laisser un peu de temps, un an, par exemple, ça n’est pas assez pour tout faire. » Une consultation citoyenne hebdomadaire va avoir lieu dans la journée. Dans son bureau, aux murs soviétiquement anisés, c’est le défilé : untel vient demander un travail car il a perdu le sien en quittant la zone de guerre, près de la frontière russe. Un autre, lui aussi déplacé, cherche un logement, un troisième vient proposer ses services de charpentier. « Il y a plein de gens qui viennent me voir alors que je ne peux rien faire pour eux. On perd un temps fou, en même temps ça permet de se rendre compte de la réalité de ce que vivent les gens ici. Enfin, c’est le boulot du maire », observe-t-il, flegmatique.


« Un maire qui vient nous serrer la main, s’asseoir parmi nous… ça ne s’est jamais vu »

Entre lourdeurs administratives, résistances du système et considérables attentes suscitées, il découvre les joies de son mandat… à l’ukrainienne ! Le lendemain, journée de brainstorming à la maison culturelle, c’est nouveau. Mais Hloukhiv est en train de gagner une petite célébrité : c’est devenu une terre de pèlerinage pour les Ukrainiens curieux de participer à l’avènement d’une nouvelle démocratie, version Terestchenko. Ce jour-là, ils sont une centaine à être venus de la capitale, Kiev, ou d’autres grandes villes comme Kharkiv, mais aussi de Hloukhiv même et ses alentours. On parle gouvernance, économie, infrastructures, culture. Par petits groupes, les participants – experts, activistes, élus, entrepreneurs, citoyens – débattent, élaborent et proposent des solutions concrètes pour améliorer la ville. « Ce qu’on prépare, ici, c’est le laboratoire de l’Ukraine de demain. Si c’est possible de la construire, alors ce sera possible partout dans le pays », s’enthousiasme Michel.

Sergueï, 69 ans, habite Hloukhiv depuis toujours et soutient Michel, pas seulement parce qu’ils partagent la même passion pour l’apiculture : « Je ressens sa mentalité européenne, il peut nous ouvrir à un autre monde pour le business ou les réformes, et puis il est joignable très facilement car il vous considère comme son égal. » Ici, on n’est pas encore familier de ce comportement « à l’européenne ». « Un maire qui vient nous serrer la main, s’asseoir parmi nous… ça ne s’est jamais vu à Hloukhiv, ni en Ukraine d’ailleurs ! » s’étonne un autre Sergueï, tandis que Lusiena, sa femme, argumente : « Il n’a pas de voiture de luxe, il s’habille sobrement, avec des costumes pas toujours bien taillés, on voit tout de suite qu’il est différent de tous nos politiques. » Son pantalon de velours côtelé, ses godillots terreux et son blouson un peu passé le confirment. Sergueï et Lusiena, 31 ans, ont mis leur vie de jeunes entrepreneurs à Kiev entre parenthèses pour emménager à Hloukhiv, et venir aider Michel. Sergueï, originaire d’ici, a même été son directeur de campagne. Car le maire compte renouveler l’équipe municipale, en réaffectant 80 % des postes, pour se débarrasser du « personnel de l’ancienne école, incompétent et/ou corrompu », et profite aussi de ces journées pour repérer de potentiels collaborateurs. A Hloukhiv, bourgade isolée, délaissée, la population reste traumatisée par le conflit à quelques centaines de kilomètres. Car la ville est à l’image du pays de 45 millions d’habitants.

L’Ukraine, deux ans après la révolution de Maïdan, reste empêtrée dans sa guerre contre les rebelles pro-russes à l’Est. Une guerre qui laisse le pays exsangue : l’économie est au plus mal, les réformes tant attendues tardent à voir le jour, et la population est de plus en plus frustrée. Hloukhiv ne fait pas exception. Avec sa rue principale presque vide de commerces, ses quatre ou cinq bars-restaurants et sa discothèque, la ville souffre. Il n’y a quasiment plus d’usines, hormis celle de Michel et ses 150 employés, car elles ont toutes fermé ces derniers mois. Pour vivre ou survivre, reste donc l’administration publique jusqu’ici largement corrompue, les maigres aides de l’Etat, ou la contrebande. Et, le soir venu, la ville s’éteint littéralement car il n’y a presque pas d’éclairage public. Les habitants sortent peu. Et pour les jeunes, bien souvent, la seule perspective, c’est de partir. Pas découragé donc, le maire, mais parfois stressé par le rythme imposé pour obtenir rapidement des résultats. Les journées commencent tôt et se finissent tard. Tous les matins, avec Alyona, sa collaboratrice depuis sept ans, il s’occupe de la pénible montagne de paperasse, à laquelle il ne s’attendait pas du tout : « Sans Alyona je serais fichu ! Elle fait tout ici. »

« J’ai été condamné “par principe” et à la peine minimale, mais je vais faire appel car j’ai des preuves ! »

Pas le temps de déjeuner, il est attendu à l’hôpital, dont il veut « faire sauter » le directeur, qu’il dit complètement corrompu. A l’hôpital, avec plusieurs adjoints, dont Elena Yeskina, en charge de la lutte contre la corruption, et accessoirement sa compagne, il est révolté d’apprendre que les médecins gagnent 100 euros par mois après neuf ans d’études. Michel note leurs doléances et pousse la craintive assistance à prendre la parole, même en présence de leur directeur. Sous les blouses, on devine des coloris criards, motifs années 1990, raccord avec les coupes de cheveux et les maquillages un peu lourds qui brouillent les mines circonspectes. Pendant ce temps, Elena, très remontée, s’en prend au directeur qui tente tant bien que mal de se défendre. Dialogue de sourds : « La corruption est très forte ici… », « Il n’y a pas d’argent, les caisses sont vides », « Vous devez trouver des solutions et ne pas rester silencieux ! On va venir inspecter cet hôpital ! » Fin de la rencontre.

Avec sa méthode musclée et sans concessions, mais selon lui nécessaire, le maire ne se fait pas que des amis. L’ancienne équipe, le maire déchu Youri Burlaka en tête, résiste. Mais son ennemi juré, c’est le député de la circonscription, Andreï Derkach, ami de Burlaka, accusé par certains d’être l’un des oligarques les plus corrompus de la région. « Sa “milice” me suit et ils me filment partout ! Leur voiture est quasiment tout le temps garée devant la mairie. Ils doivent sans doute avoir des systèmes d’écoute perfectionnés et se mettent près de nous pour capter », explique Michel. Sans compter les procès : « Tout ça, c’est pour m’impressionner, mais je m’en fiche, je dirai au juge comment il a volé les propriétés de l’Etat ou comment il est mêlé au trafic d’armes. » Selon Andreï Derkach, Michel l’a calomnié pour entacher sa réputation et remporter les élections. Le député l’a donc attaqué pour diffamation : « J’ai gagné et il ne fait pas appel, ce qui prouve qu’il reconnaît ses torts », affirme Derkach. L’actuel maire contredit : « J’ai été condamné “par principe” et à la peine minimale, mais je vais faire appel car j’ai des preuves ! » La bataille ne fait que commencer.

Sans doute conscient qu’il n’est jamais bon pour un personnage public de montrer ses faiblesses, l’édile concède que ces résistances et les lourdeurs de la bureaucratie sont autant de « freins », mais ne l’inquiètent pas. Pourtant, le sujet revient souvent dans les discussions et avec agressivité… Autre source d’inquiétude pour Michel Terestchenko : il touche en ce moment 120 euros par mois, 36 fois moins que son salaire de directeur de société. « Je n’ai quasiment plus les moyens de revenir en France embrasser mes petits-enfants comme je le faisais auparavant tous les deux ou trois mois. » Ses trois enfants viennent le voir de temps en temps mais n’ont pas l’intention de s’installer en Ukraine. « C’est un sacerdoce, mais temporaire. Les gens de Hloukhiv, tellement volés, sont devenus si pauvres, les jeunes privés du minimum… c’est comme s’ils avaient perdu le droit de vivre. Alors, si je réussis à les aider, cela vaudra tous les salaires du monde », poursuit-il.

Un mur de 6 mètres de hauteur avec la Russie

Un professeur de l’université, qui préfère taire son nom, respecte ce sacrifice mais reste très sceptique : « Dans cette ville contrôlée par des monopoles, c’est très dur de monter une affaire. Les gens se méfient des étrangers, pas sûr que le plan de Michel fonctionne. » Car, pour relancer l’économie de la ville, le maire compte développer le tourisme et surtout faire venir des investisseurs, étrangers notamment, et leur offrir des conditions avantageuses s’ils financent un fonds. Ce fonds servira à augmenter les salaires du personnel administratif et réduire ainsi les pots-de-vin. Le professeur ajoute : « Il tire l’essentiel de son autorité de ses ancêtres, mais il ne peut pas comprendre vraiment la mentalité des gens d’ici. » Les malentendus culturels, Roman, l’un de ses adjoints, jeune et ambitieux politicien débarqué de Kiev, les remarque aussi. « Par exemple, quand il dit “blanc”, c’est blanc, “noir”, c’est noir… Pour nous, ça peut également être gris ! » L’édile nie en bloc toute différence culturelle. Pour lui, l’Ukraine est profondément européenne. « Regardez tous ces peintres, musiciens et écrivains, Gogol, Repine, qui se souvient qu’ils sont ukrainiens ? Et puis, vous savez, le bortsch d’ici c’est la soupe que je mangeais autrefois chez mes grands-parents dans le Poitou. »

Michel Terestchenko en décembre entouré de ses administrés, entonne l’hymne ukrainien avant un concert folklorique.  © Pete Kiehart

Michel Terestchenko en décembre entouré de ses administrés, entonne l’hymne ukrainien avant un concert folklorique.
© Pete Kiehart


En somme, pour lui, « l’Ukraine d’aujourd’hui, c’est la France d’il y a cinquante ans ». Lors d’une soirée folklorique, il ne s’économise pas au moment de chanter l’hymne ukrainien, sans doute son morceau préféré du spectacle. Puis s’enchaînent les numéros ringards d’artistes de tous âges : « Complètement dépassé ! Du mauvais Joe Dassin, quoi ! Et ça coûte une fortune en plus », ronchonne, à mi-voix, car la foule l’entoure, cet habitué des concerts classiques au conservatoire de Kiev. Tous les jours ou presque, avant de rentrer chez lui – une modeste maison ancienne près du lac, qu’il a un peu rénovée – le maire connecté s’occupe de sa communication via sa page Facebook. Complètement absorbé, il a ôté sa cravate, ses lunettes, et s’amuse des commentaires au sujet du déboulonnage de la statue. Cette seconde vie, il ne l’avait pas rêvée mais il s’y engage sans compter, conscient des enjeux. Ici,
Michel Terestchenko est, par son nom pour le moment plus que par ses actes, quelqu’un. En France, il ne serait qu’un simple retraité : « Un retraité français, qu’est-ce que ça fait à part jouer aux cartes et voyager ? Et puis le Louvre, ça va, j’en ai fait le tour, alors qu’ici il y a plein de choses utiles à réaliser. »

S’engager fermement contre la supposée convoitise des Russes, entre autres. Farouche partisan du nouveau nationalisme né à Maïdan, Michel voit dans Hloukhiv le dernier rempart européen contre « l’expansionnisme » russe. « Il y a un risque réel d’agression, voire d’ouverture d’un second front, estime-t-il. Les Russes ont toujours pensé que Hloukhiv faisait partie de la Russie. Mais c’est ici que le projet de l’Etat ukrainien est né, avec les Cosaques ! » Pas du genre pacifste, il pense que « cette guerre pour l’indépendance » va enfin mettre un terme à « trois cent soixante ans de colonisation ». Trop vieux pour prendre les armes, regrette-t-il, il mène sa guerre contre la Russie à sa manière, en éliminant la corruption de la ville, et espère-t-il, du pays, « car un pays corrompu est un pays vulnérable ». Il va plus loin : il envisage de faire construire un mur de 6 mètres de hauteur le long de la frontière avec la Russie pour protéger la ville et ses environs des trafics et d’éventuelles intrusions militaires. Plusieurs dizaines de kilomètres, tout de même. D’ailleurs, sa crainte est telle qu’il vient d’obtenir du président Porochenko l’installation d’un régiment de 600 soldats de l’armée à Hloukhiv. Une stratégie guidée par un fort sentiment anti-russe : « Ce n’est pas un pays d’avenir, c’est un grand pays, fort. Mais vous savez, ici, on a un dicton qui dit que “les Russes ne sont bons qu’à boire et à voler”. Bon, ce ne sont pas tous des bandits… » La nuance n’est pas son fort, ambition oblige.