Issue incertaine dans la course à la présidence ukrainienne

7 février 2010  |  dans International

Photo : David Breger/Youpress

Photo : David Breger/Youpress

Dimanche, l’Ukraine votera pour le second tour de la présidentielle. Entre la pro-européenne Ioulia Timochenko, ancienne égérie de la Révolution orange, et le pro-russe Viktor Ianoukovitch le scrutin s’avère indécis et pourrait se poursuivre dans la rue.

Malgré la neige et les températures négatives qui ralentissent Kiev, les partisans étaient au rendez-vous des derniers instants du marathon présidentiel. Devant la cathédrale Sainte-Sophie et le monastère Saint-Michel, deux des plus anciens édifices religieux de la capitale ukrainienne, situés à une centaine de mètres l’un de l’autre, les candidats ont établi leurs podiums de campagne.

Division est-ouest

Photo : David Breger/Youpress

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Alors qu’une pop-star blonde motive la foule, drapeau à la main, Yelena, 53 ans, russophone comme environ 25 % des Ukrainiens, clame son soutien à Viktor Ianoukovitch : « Avec lui, nous serons débarrassés de ce camp orange qui a conduit le pays à l’instabilité ». En 2004, après le soulèvement pacifiste de la « Révolution orange », Ianoukovitch avait vu sa victoire invalidée pour fraudes, mais part aujourd’hui légèrement favori. Il promet le réchauffement des relations avec Moscou, marquées par des tensions lors de la présidence de Viktor Louchtchenko. Andriy, 30 ans, votera Timochenko « une jolie femme, qui résiste parmi les loups. L’Ukraine a besoin d’elle pour devenir européenne ». Le premier ministre aux tresses blondes défend la voie de l’intégration à l’UE, tout en ménageant le voisin russe. Pour Alexey Pedosenko, journaliste politique pour le site glavcom.ua : « La recherche de l’identité ukrainienne est un thème fort de la campagne. Notre pays, indépendant du bloc soviétique depuis 1991, se cherche encore et reste divisé entre l’est russophone et l’ouest, plus tourné vers l’Europe ».

« La population fatiguée des querelles »

Touchés de plein fouet par la crise économique, qui a vu le PIB chuter de 15 % et le chômage grimper à 20 %, une grande partie des Ukrainiens ne votera pas, ou sans conviction. Dimitriy, ingénieur de 23 ans, s’avoue dégoûté : « Ils ont tous deux eu le pouvoir et n’ont rien fait. J’ai de la chance d’avoir un emploi, mais pour mes amis au chômage, je sais que rien ne changera. »
Sur fond d’accusations mutuelles de corruption, les deux candidats ont promis de prendre la rue si des fraudes étaient avérées. Mais Alexey Pedosenko n’y croit pas vraiment « La population est fatiguée des querelles et ne les suivra pas, mais si le scrutin est serré, le perdant risque fort de contester devant les tribunaux. »