Covid-19: les leçons de la stratégie suédoise

7 juin 2021  |  dans International

Des terrasses de café dans le quartier de Mariatorget, à Stockholm. © Juliette Robert

Des terrasses de café dans le quartier de Mariatorget, à Stockholm. © Juliette Robert

En basant sa gestion de la crise sanitaire sur la responsabilité individuelle, le gouvernement n’a pas adopté de mesures de confinement et a ainsi limité les conséquences de cette crise sur son économie. Mais la mortalité a été l’une des plus élevées d’Europe, notamment en maisons de retraite.

Mardi 20 octobre, des mesures ont été annoncées pour la première fois pour la région d’Uppsala, en Suède. Jusqu’au 3 novembre, les habitants de cette ville universitaire située au nord de Stockholm doivent « éviter tout contact avec des personnes hors de [leur] foyer, ne pas organiser ou participer à des soirées et éviter les transports en commun ».
À l’inverse de ces mesures de restriction, la limite des rassemblements passera à 300 personnes pour les événements culturels et sportifs dès le 1er novembre, contre 50 précédemment. Si le nombre de nouveaux cas quotidiens augmente – 1 575 le 21 octobre, contre 389 mi-septembre –, la situation dans les hôpitaux reste calme : 34 patients Covid-19 sont actuellement hospitalisés en soins intensifs, ils étaient 558 fin avril.
En cette deuxième vague, le gouvernement suédois reste sur sa ligne et n’a pas annoncé de mesures de restriction drastiques, comme un confinement ou un couvre-feu. De fait, les autorités font surtout des recommandations et en appellent à la responsabilité individuelle, à l’heure où une grande partie de l’Europe durcit ses mesures.

De mars à mai, il fallait éviter de se déplacer dans le pays, puis jusqu’à mi-juin de dépasser les voyages de deux heures en voiture. Les écoles primaires et les collèges sont restés ouverts, mais les lycées et les universités ont été fermés le 18 mars, laissant place à des cours à distance.
Restent les consignes de respect des gestes barrières, tels que la distanciation et le lavage des mains. Mais pas le port du masque. « C’est extrêmement surprenant que l’agence de santé publique suédoise ne dise pas de porter de masque, estime Anders Vahlne, professeur de virologie à l’Institut Karolinska, une université médicale rattachée au plus grand hôpital de Stockholm du même nom. Il y a plus de 170 pays dans le monde qui recommandent de porter un masque, en particulier en intérieur, tout comme les autorités sanitaires américaines, européennes et l’OMS. Alors pourquoi ne le faisons-nous pas en Suède ? »
Une question légitime à l’heure où le nombre de cas augmente. « Nous n’excluons aucun type de mesures à ce stade, répond Anders Tegnell, l’épidémiologiste en chef de l’agence de santé publique. Nous suivons la situation de près, comme à Uppsala, nous essayons de voir quel est le problème et de vraiment diriger nos mesures dans ce sens, pas de prendre des mesures générales. »

Rouguyata Sall & Juliette Robert (à Stockholm)

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