24 heures avec un soldat de l’OTAN

3 juin 2008  |  dans International

Photo : Leïla Minano/Youpress

Photo : Leïla Minano/Youpress

Depuis 9 ans, la KFOR suisse, la force de l’OTAN, patrouille dans le sud du Kosovo. Pascal, infanteriste a rejoint la base militaire « Casablanca » il y a quelques mois. Avec les 220 recrues helvètes, il découvre la vie militaire et le peuple kosovar, encore traumatisé par la guerre. Portrait.

Où qu’il aille, Pascal a toujours un petit drapeau valaisan caché dans son uniforme. « Je n’arrive pas à m’en séparer », affirme, amusé, l’infanteriste de la Swisscoy. Originaire de Saint-Léonard, le soldat Studer est arrivé il y a 2 mois sur la base Casablanca, au Sud du Kosovo. Pascal, comme les 220 recrues du 18ème contingent, a pris ses quartiers dans le « Swiss camp », réservé aux militaires helvètes. C’est dans un container en métal aménagé en bureau que nous rencontrons le valaisan de 21 ans. Un mètre quatre-vingt cinq, la carrure athlétique, Pascal nous attend, nerveux, dans un fauteuil moelleux. Les grands yeux verts assortis à l’uniforme, laissent transparaître une pointe de timidité. « Après l’école des recrues, je voulais voir ce que c’était un engagement militaire à l’étranger», commence-t-il. Il s’engage et suit une formation de deux mois avant de s’envoler pour « le cœur des Balkans ».

Pascal estime avoir été bien préparé aux difficultés du terrain: « la réalité militaire est très proche de la théorie ». Pourtant, le Kosovo devait réserver quelques surprises au jeune valaisan. Cet amoureux des montagnes ne s’attendait pas « à la quantité impressionnante de déchets autour des routes et des ruisseaux ». Moins encore à l’accueil chaleureux de la population locale. « Je pensais que les gens seraient beaucoup plus méfiants. En fait, les enfants nous sourient, la plupart des habitants parlent allemand », constate-t-il. Enthousiaste, l’infanteriste raconte ces échanges avec les Kosovars: « on leur demande si tout est en ordre, on discute de la Suisse car beaucoup d’Albanais ont été chez nous. En fait, on parle surtout de la pluie et du beau temps ». C’est de ces moments de proximité que Pascal tire sa motivation. « Après 24 heures passées dans un tour de contrôle où il ne se passe rien, je vous assure que le moral décline ».

« Ici on craint l’ennui »

Sur la base, la vie du jeune infanteriste est réglée sur l’horloge très stricte de la Swisscoy. Au rythme du planning de son équipe, Pascal alterne tours de garde sur les miradors, patrouilles dans les villages et entrainement. « Quand j’ai du temps, je vais à la salle de sport ou regarder un DVD dans ma chambre. Je ne fais pas trop la fête parce qu’on n’a pas vraiment le droit de boire… », raconte, plus détendu, le valaisan. Pascal s’est très bien habitué aux rythmes de Casablanca. « Ici on craint surtout l’ennui, les contraintes horaires on s’y fait ». Il est vrai que le secteur de la Swisscoy est l’un des plus tranquilles du pays. Tous en conviennent, les accidents de la route exceptés, les risques pour les soldats dans cette région sont quasi-nuls. Mais en cas d’échauffourées entre Serbes et Albanais « nous sommes préparés à tous les scénarios, nous savons comment réagir », assure le jeune soldat.

« Je crains davantage qu’il arrive quelque chose à l’un de mes proches en Suisse alors que je suis ici, qu’un danger sur le terrain », poursuit-il. En fait, pour Pascal, le plus difficile sur place, ce n’est pas la vie militaire, mais plutôt d’être loin de sa petite amie et des montagnes du Valais. « Ici on n’a que des collines… », affirme Pascal dans un éclat de rire. Et le chalet suisse construit par la Swisscoy au milieu de la base militaire ? « Je me sens davantage chez moi dans certains villages albanais qui ressemblent à mes alpages que dans le chalet » répond l’infanteriste. Après son retour du Kosovo, plus question de repartir. « J’ai assez voyagé, après je resterai à Saint-Léonard et peut-être que j’essaierai d’entrer dans la police ». En attendant, Pascal a un rêve… Pouvoir, juste une fois, habillé en civil, se rendre dans un café local et faire la fête avec les Kosovars. « Comme un simple étranger… »