Le pasteur du pôle Nord, en première ligne face au réchauffement climatique

22 février 2018  |  dans International

Leif Magne Helgesen a son église dans la petite ville norvégienne de Longyearbyen mais donne des messes «à ciel ouvert», plusieurs fois par an. Comme ici, le 5 mars 2017, à l'occasion de la première aube après la saison de nuit polaire.  © Axelle de Russé

Leif Magne Helgesen a son église dans la petite ville norvégienne de Longyearbyen mais donne des messes «à ciel ouvert», plusieurs fois par an. Comme ici, le 5 mars 2017, à l’occasion de la première aube après la saison de nuit polaire. © Axelle de Russé

Leif Magne Helgesen est un ecclésiastique unique en son genre. Sa paroisse, la plus septentrionale du monde, compte davantage d’ours polaires que d’habitants. Quant à son église, située à 1000 kilomètres du pôle Nord, elle est aux avant-postes du réchauffement climatique.

Triste, Leif regarde par la fenêtre. Aussi net que dans un miroir, son visage rond se reflète sur le carreau. «D’habitude, pendant la nuit polaire, la lune et les étoiles se réfléchissent dans la neige… La lumière est magnifique», se languit le pasteur de 56 ans, assis dans le fauteuil moelleux de son église. Cette année, le ciel indique seulement le milieu de la nuit. Une nuit d’encre mouchetée par les éclairages des maisons alentour dont on peine à distinguer les contours. «Pas de neige, pas le moindre flocon, tout est sombre», souffle encore le prédicateur luthérien, pointant la fenêtre de son doigt épais. D’ordinaire, à la fin du mois de novembre, Longyearbyen, ville de 2300 habitants, située à 1000 kilomètres du pôle Nord, est couverte d’un épais manteau neigeux. Les puissantes rafales chargées de flocons frappent et ensevelissent jusqu’aux fenêtres le petit édifice en bois qui doit -comme toutes les églises de marins- rester ouvert 24 heures sur 24. Mais en cet après-midi de novembre 2016, le sol est sec comme en été, sa motoneige prend la poussière sur le parking, seuls le jour qui ne se lève plus et la morsure glaciale du vent rappellent que la nuit polaire, la «saison sombre» l’appellent-ils, a commencé.

La ville qui se réchauffe le plus vite au monde

Ici, dans la petite capitale du Svalbard située au cœur de l’île du Spitzberg, l’archipel posé au carrefour de l’océan Arctique, de la mer du Groenland, de celles de Norvège et de Barents, le soleil se couche au mois d’octobre et ne réapparaît qu’au mois de mars. Six mois d’hibernation solaire interrompue presque chaque nuit par les éruptions célestes, les aurores boréales, ces traînées vertes qui s’étalent en volutes sur la voûte céleste.

Le premier flocon aurait dû tomber il y a un mois, mais le thermomètre stagne au-dessus de zéro. L’Institut météorologique norvégien (le Svalbard est administré par la Norvège) relève presque 10 degrés de plus pour la saison -et 72 mois consécutifs au-dessus des normales. Un record faisant de Longyearbyen la ville qui se réchauffe le plus vite au monde.

Trois jours plus tard, la neige finit par tomber. D’abord en gentils tourbillons fondant sur le bitume, puis avec la violence …

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