Un postier convoqué pour les attentats du Printemps

16 janvier 2009  |  dans France, Société

Gaël Quirante, 33 ans, postier à Levallois-Perret (92) et représentant départemental pour le syndicat SUD-PTT a été convoqué hier au 36, quai des Orfèvres. Motif : il aurait été impliqué dans la menace d’attentats du Printemps-Haussmann, le 16 décembre dernier. Pour sa part, la police judiciaire refuse de commenter la convocation, en raison du « secret de l’enquête ».

Que s’est-il passé le 7 janvier dernier ?

Alors que je rentre de congés, j’écoute mon répondeur… La veille, un commandant m’a laissé un message où il me demande de me présenter au 36, Quai des Orfèvres pour « éclaircir une affaire ». Dans mon courrier, je trouve également une lettre signée de la brigade criminelle anti-terroriste qui me demande de me présenter « le plus tôt possible » à la même adresse, sans me préciser le motif de cette convocation. J’ai appelé mon avocat, mais j’ai passé la nuit à me demander si la police n’allait pas venir me chercher chez moi.

Vous ne décidez pas de rappeler le commandant qui vous a convoqué ?

Si, mais le lendemain avec mon avocat. Le commandant nous précise qu’ils ont reçu une lettre anonyme postée au centre de tri de Nanterre (92) le 17 décembre et dans laquelle un corbeau affirme que je suis l’auteur de la tentative d’attentat. C’est complètement surréaliste. En plus le commandant me dit que suite à la lettre j’ai été « environné » pendant deux jours. Il m’affirme également qu’ils ont vérifié grâce à mon téléphone portable si j’étais sorti du département des Hauts-de-Seine, le 16 décembre, jour de la tentative d’attentat. J’ai eu de la chance, car ce n’était pas le cas. Le commandant m’a également précisé que je ne « correspondais pas au profil » mais que dans le cas contraire, ils seraient venus me chercher chez moi à 6 heures du matin et qu’ils auraient posé les questions après… ».

Pourtant, vous avez quand même du vous présenter au 36, Quai des Orfèvres le lundi suivant ?

Oui, c’est hallucinant pour moi le 36, Quai des Orfèvres, c’était juste du cinéma. Et là sur la base d’une simple lettre anonyme je me retrouve au centre d’une affaire énorme. Même si j’avais la conscience tranquille, je savais que je n’avais rien fait, j’étais très inquiet et je me suis demandé si cette dénonciation avait à voir avec mon activité de syndicaliste.

Que s’est-il passé dans le bureau de la brigade criminelle anti-terroriste ?

Je suis resté à 2h45 dans leurs bureaux. Ils m’ont dit que ce n’était pas une plaisanterie et que c’était la procédure. Ils m’ont montré la lettre, une feuille blanche A4 où il y avait écrit à la main : « Gaël Quirante, Printemps, 16 décembre » et mon adresse personnelle. C’est sur la base de cette lettre là que je me suis fait « environner » ! Ils m’ont demandé ce que je faisais les 10 (date de la prise de contact des auteurs présumés avec l’AFP) et le 16 décembre. Heureusement que je travaillais sur des centres de tri ces jours là, imaginez si j’avais été dans le coin par hasard ! Ils m’ont également demandé si j’avais des ennemis. Enfin, ils m’ont posé des questions sur mon engagement syndical.

Vous avez également décidé de porter plainte ?

En effet, j’ai demandé aux policiers de noter dans le procès verbal que je portais plainte contre X pour dénonciation calomnieuse et j’ai également demandé une expertise de la lettre pour en découvrir les auteurs. Sur ce point, ils m’ont répondu que cela allait être compliqué car il y avait plusieurs personnes qui avaient touché le document. Mais j’ai maintenu ma demande.

Avez-vous des soupçons sur le ou les auteurs de la lettre anonyme ?

Je ne veux pas porter d’accusation calomnieuse, surtout sans preuve. Mais j’espère vraiment que cela n’a rien à voir avec mon engagement syndical à La Poste. En ce moment nous sommes en conflit de grève contre la réorganisation du temps de travail et pour obtenir une prime contre la vie chère, et comme par hasard dans la même période, j’ai reçu une lettre de convocation à un entretien préalable au licenciement et une autre au commissariat le 21 janvier prochain avec deux autres postiers. Mais là, ça va trop loin. J’espère que tous ces événements ne sont qu’une coïncidence, parce que ça commence à faire beaucoup pour une seule personne.