Entre Meaux et Provins, “l’UMP connection”

25 août 2014  |  dans Enquêtes

© UMP-Photos Flickr cc

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Dans l’affaire Bygmalion, Jean-François Copé l’assure : il n’y est pour rien, il n’est qu’une victime collatérale. Mais concernant la Sovafim, sur laquelle Marianne s’attarde cette semaine, qu’en est-il ? Grâce à cet organisme contrôlé par l’Etat et dont la Cour des comptes réclame la dissolution depuis des années, le patron débarqué de l’UMP et son camarade, le maire de Provins, Christian Jacob, ont fait profiter leurs amis, les amis de leurs amis (et un peu les administrés) de beaucoup d’argent public.

Le style est soporifique, l’épaisseur, décourageante : les rapports publics de la Cour des comptes sont rarement lus de A à Z par les médias, friands de gabegies faciles à dénoncer. Dans le dernier en date, paru en février, pas une gazette ne s’est arrêtée sur le chapitre consacré à la Société de valorisation foncière et immobilière (Sovafim). Les billets de train gratuits des cheminots occupaient trop les esprits en quête de « scandale ».
Il en est un, pourtant, un vrai, de scandale, qui mérite qu’on s’y penche. La Sovafim est un organisme entièrement contrôlé par l’Etat dont la mission consiste à valoriser puis à revendre certains biens immobiliers publics. A sa création, en février 2006, sous l’égide d’un certain Jean-François Copé, à l’époque ministre délégué au Budget, elle ne devait commercialiser que les terrains et les immeubles – comme l’hôtel Concorde Saint-Lazare – devenus inutiles à Réseau ferré de France (RFF).
L’opération a donné lieu à un vif débat avec l’Etat sur la rétrocession des fruits de la vente. Mais, une fois sa mission achevée, la Sovafim aurait dû disparaître. Or, elle est toujours là, et bien là. Son président, Olivier Debains, aussi. Cet énarque polytechnicien, qui dirigea le cabinet du chiraquien Pierre-André Périssol, ministre du Logement, avant de passer par RFF puis Matignon, époque Jean-Pierre Raffarin, coule des jours heureux dans de beaux bureaux du VIIIe arrondissement de Paris en échange d’un joli traitement de 186 000 € par an.

Pas mal pour un job qui ne sert à rien. Ce n’est pas Marianne qui le dit, c’est la Cour des comptes. Dans deux rapports, en 2011 et 2014, les magistrats de la Rue Cambon ont réclamé la « dissolution immédiate » de la Sovafim, pour permettre à l’Etat de récupérer le « trésor de guerre » sur lequel elle est assise : au dernier pointage, 165 millions d’euros de fonds propres et une trésorerie nette de 65 millions d’euros.
Grâce à la Sovafim, « l’Etat dispose désormais d’un instrument efficace pour mobiliser, selon les besoins, ses actifs propres et ceux de ses opérateurs », jargonnait Copé en 2006, dans le premier compte rendu d’activité de son bébé. Efficace, cette société l’a incontestablement été. Pas pour l’Etat, qui s’est passé de tout dividende à partir de 2008 alors que le bénéfice distribuable se chiffrait en dizaines de millions d’euros ! Pour Jean-François Copé, maire de Meaux, et son ami Christian Jacob, maire de Provins, cette « foncière publique » au cadre juridique flou s’est révélée, en revanche, une précieuse alliée…

La suite de l’enquête de Leïla Minano et Julia Pascual dans Marianne n°893