Ce triste caillou d’à peine un kilomètre carré se trouve à quelques encablures de Manhattan, mais bien loin des néons de Times Square.
C’est ici que reposent les indigents, les bébés mort-nés ou les cadavres non identifiés. Les oubliés de New York. Près d’un million d’âmes hantent Hart Island. Achetée par la ville en 1868, l’île a entre autres accueilli un hôpital psychiatrique, des prisons, une maison de correction ou encore une base de missiles. Et depuis près de 150 ans, elle est l’unique fosse commune de la ville de New York.
Mais Hart Island n’est pas un simple cimetière, c’est un tombeau quasi inaccessible, sous contrôle strict du Department Of Correction (DOC), l’administration pénitentiaire. Car sur l’île, du mardi au vendredi, se succèdent les détenus aux tenues orange de la prison de Rikers Island pour y creuser les tombes et y enterrer par centaines les corps arrivés par camions frigorifiques. Mettre un pied sur l’île est aussi difficile que d’entrer dans une prison. Jusqu’en 2012, c’était tout simplement impossible. Pour des questions de sécurité et par manque de moyens, le DOC n’autorisait aucune visite pour les familles des défunts…