Belgrade à l’heure du choix: entre espoirs et désillusions

8 mai 2008  |  dans International

Meeting du LDP à Belgrade. photo : Juliette Robert / Youpress

Meeting du LDP à Belgrade. photo : Juliette Robert / Youpress

La place de la République de Belgrade est devenue ces derniers jours le point de ralliement des militants des partis en lice pour les législatives serbes du 11 mai.

La pluie battante n’a pas empêché Goran, 45 ans, de venir au meeting du parti radical nationaliste (SRS) de Tomislav Nikolic, fervent défenseur d’une «Grande Serbie» et anti-européen convaincu. «Le Kosovo, c’est le cœur de la Serbie», lance Goran. Pour lui, impossible de renoncer à cette province, dont la récente indépendance a été reconnue par la majorité des pays de l’Union Européenne.

«L’UE va faire mainmise sur notre économie, notre monnaie et notre territoire», ajoute-t-il. «Nous avons trop de chômage. A quoi bon l’Europe sans argent?», s’interroge Snezana, 42 ans, une cigarette américaine à la bouche.

«Je fais mon choix avec des dés»

Au milieu d’une foule aux couleurs de l’Europe venue acclamer Boris Tadic, le président de la République pro-européen et figure du parti démocratique (DS), Miodrag, 35 ans, est persuadé que «l’adhésion À l’Europe permettra d’enrichir le pays». Contrairement au DS, le parti démocratique libéral (LDP) accepte l’indépendance du Kosovo. «Nous l’avons déjà perdu. 90% de la population y est albanaise», constate Vladimir, 70 ans, sympathisant de ce parti clairement pro-européen. Mais loin des meetings, les Serbes semblent désabusés. «La dernière fois que j’ai voté, j’ai choisi avec des dés», s’amuse Milica, 21 ans. Pourtant elle se rendra aux urnes «pour faire barrage aux nationalistes», contrairement à Vojkan, 37 ans, qui s’abstiendra. «Les politiciens ne pensent qu’à leurs propres intérêts», lâche-t-il. Un sentiment répandu qui fait craindre un fort taux d’abstention.

Meeting du SRS à Belgrade. Photo : Juliette Robert/Youpress

Meeting du SRS à Belgrade. Photo : Juliette Robert/Youpress

Selon une récente enquête, 27% des Serbes se déclarent indifférents à l’égard des partis. «Cela révèle le degré de déception dans la politique, explique Nebojsa Vukadinovic, chercheur au Centre d’étude et de recherche internationales. Les privatisations massives ont augmenté le taux de chômage et le salaire moyen stagne à 300 €.» Dans ces élections au coude à coude entre le DS et le SRS, la question du Kosovo, de l’adhésion à l’UE et de l’économie compteront autant toutes les trois.

Delphine Bauer et Ariane Puccini