L’AlterTour, des vélos écolo pour une agriculture non-dopée

10 juillet 2008  |  dans France, Société

Le bus de l'AlterTour - Photo : L. Minano

Le bus de l'AlterTour - Photo : L. Minano

Alors que les coureurs du Tour de France passeront la ligne d’arrivée dimanche, les Altercyclettes continuent leur Grande Boucle. Commencé le 3 juillet dernier, l’AlterTour de France « pour la biodiversité et une agriculture non-dopée » parcourt les routes de France jusqu’au 28 juillet. Dans les rangs des Altercyclettes, deux journalistes de Youpress s’étaient cachées. Reportage.

A l’AlterTour, personne ne pédale par hasard. Philippe roule pour le boycotte des Jeux Olympiques de Pékin, Pascal pour la sauvegarde de l’étang de Berre, Isidore et Honoré militent pour le développement du bio au Burkina Fasso. Quant à Aude et Charlie, volontaires Emmaüs, ils sont venus défendre les couleurs de leur festival « propre ».
Dans la colonne des coureurs, il y a aussi Chloé, future exploitante bio, Jean-Pierre mécanicien qui lutte pour une société sans voiture… Presque autant d’alter-participants, que « d’écuries » alter ou écolo. Depuis une semaine, le cortège des quarante bicylclettes file sur les routes de France. Objectif : 2700 kilomètres en 3 semaines. Des milliers de coups de pédales et de manifestations contre l’agriculture « productiviste et dopée aux OGM». A la différence du « vrai » Tour de France, qui se déroule au même moment, dans les rangs du premier relais cycliste écologique et solidaire, il n’y a pas Un mais Des vainqueurs. Pas de maillot jaune pour le gagnant, mais des T-shirt verts, pour tous les coureurs. Pas de vélos siglés Disney, AG2R, Bouygues ou Columbia, mais des « altercyclettes » baptisées Café, Tabac, Guarana, Ginseng ou Cannabis. «Nous voulions faire une tournée, afin d’aller à la rencontre du public et d’informer sur les méfaits de l’agriculture productiviste », explique Dom de Chevreuse, un organisateur. Alors qu’il attache les flèches directionnelles sur le parcours, le responsable débordé, raconte les débuts de l’aventure. « Il y a un an, un membre de la Confédération paysanne, un syndicat agricole, a fait la comparaison entre le scandale du dopage sur le Tour de France et le maïs dopée aux OGM. C’est comme ça que nous avons eu cette idée ». Selon ce militant écologiste, les fondateurs refusaient de faire de « l’anti-Tour de France », ils voulaient un évènement solidaire où « tous passeraient la ligne d’arrivée en même temps».

Neuf mois de travail acharné

Mais l’idée n’a pas suffit. Il aura fallut neuf mois de travail acharné pour que les alter-cyclistes prennent le départ. Tracé du parcours, mais aussi organisation des étapes. Plus d’une vingtaine de conférences, diffusion de films, débats, marchés de producteurs de pays et manifestations jalonnent le trajet des vélos solidaires. Un marathon physique et politique, certes mais où les participants ont le droit d’avancer à leur rythme. A la différence du célèbre Tour cycliste où chaque virage, ligne droite et col de montagne a été photographiés et étudié par les équipes, le joyeux cortège est dispersé, les groupes de cyclistes souvent égarés. Dans les gorges de l’Ardèche, Christopher, 17 ans, apprentis mécanicien fait la course en tête, aux côtés d’Isidore, le militant burkinabé. A des kilomètres de là, le tandem réservé au caméraman, Manu, qui réalise un documentaire sur l’évènement, profite du décor pour faire quelques plans. Plus loin le peloton Emmaüs, refait le monde avec Chloé, étudiante en agronomie,… sans oublier de pédaler. Pas de panique, de toute façon, tout le monde les attendra au prochain relais. Les courageux derniers sont accueillis par les applaudissements des alter-cyclistes déjà arrivés. Le porteur du « maïs témoin », un épi sans OGM qui sera transmis tout au long du parcours par les cyclistes, passe déjà dans les mains du prochain porteur.

L’Alterbus

Ici, personne n’est obligé d’effectuer les 120 km de l’étape quotidienne. C’est à la carte, 15, 20, 30 km… De toute façon il y aura l’Alterbus pour ramener les cyclistes fatigués. Sur les bords de la route, cet autocar de transport scolaire à la retraite, attend à chaque relais les participants exténués pour les conduire vers la prochaine étape. Un arc-en-ciel multicolore, des montagnes vertes, des fleurs roses, un ciel bleu azur et de multiples affiches écolos, la déco du bus « de la biodiversité et de l’agriculture non-dopée », fait tourner la tête des passants. Au volant, Bruno, un chauffeur de poids lourd qui milite pour le développement de l’huile végétale comme carburant, accueille les nouveaux arrivants. A l’intérieur, les voyageurs passent de siège en siège, discutent OGM avec leur voisin ou font une sieste sur les matelas dans le fond du car. « On est arrivé ! Tout le monde descend !», Bruno et son acolyte au mégaphone donne le signal. Car à l’AlterTour, le temps est compté, le programme chargé. Au point que les paupières se ferment souvent pendant les conférences nocturnes. Les organisateurs proposent donc une réunion pour tirer un premier bilan. Horaires des repas, programme trop chargé, mais aussi conseils pour rouler en toute sécurité, les coureurs s’expriment une heure durant dans la cour d’un éco-village ensoleillée. Mais pour la colonne et l’Alterbus, il est déjà temps de repartir. Philippe installe son drapeau tibétain sur son porte-bagages, Pascal range son paquet de tracts pour la réhabilitation de l’étang Berre. Mais, tous deux enfilent leurs T-Shirts verts de l’Alter-tour… car si les cyclistes alternatifs ont chacun leur écurie, aujourd’hui ils rouleront ensemble. Pour la biodiversité et la défense d’une agriculture non-dopée.