Un camp sans frontière contre les expulsions

15 juin 2009  |  dans France, Société

No Border Camp

No Border Camp

Construire un camp sans frontière… sur une frontière. C’est l’objectif des organisateurs du « no border camp » qui se tient à Calais du 23 au 29 juin prochain. Pendant une semaine, militants et migrants mais aussi citoyens de passage et Calaisiens sont invités à débattre et à agir pour la liberté de circulation et la fin des expulsions.

Au programme: des conférences, des débats, des films sur les pays d’origine des migrants et des ateliers « d’auto-construction » (pour apprendre à se fabriquer un abri avec du matériel de récupération). Les organisateurs ont également prévu « une grande manifestation transnationale pour la liberté de circulation », le samedi 27 juin. «Nous allons camper et défiler pour dénoncer la situation dramatique des migrants à Calais », résume Marie-Claude, déléguée syndicale SUD éducation. « Nous voulons aussi lutter contre la répression policière. Aujourd’hui, il y a des CRS partout dans la ville», ajoute-t-elle. Pour la syndicaliste, l’idée du camp no border, c’est aussi « l’occasion pour les Calaisiens d’aller à la rencontre des migrants et de découvrir leur culture grâce à des débats et des films».

« Notre démarche n’est pas de détruire, mais de débattre »

Benjamin, lui, travaille depuis 6 mois à l’organisation du camp : « un vrai parcours du combattant », selon lui. «Hormis les contraintes techniques telles que l’installation de l’eau, de l’électricité et d’internet pour le centre médias alternatif, nous avons dû batailler avec la sous-préfecture pour obtenir un lieu (celle-ci leur avait attribué un emplacement déjà occupé par des gens du voyage, ndlr) ». L’obstacle n’ayant pas suffit à décourager les organisateurs, les autorités ont décidé de quadriller Calais pour la durée de l’évènement. « 880 CRS et deux compagnies de gardes mobiles vont être déployées », explique Benjamin. « Et les pouvoirs publics essaient de faire peur aux Calaisiens en nous décrivant comme une vague de criquets qui va raser Calais… Alors que notre démarche n’est absolument pas de détruire, mais de débattre ».

Pourtant, cette mauvaise publicité ne semble pas nuire au Camp sans frontières : plusieurs dizaines d’organisations politiques, syndicales et associatives ont rejoint l’appel à la manifestation (Solidaires, MRAP, RESF, NPA…). Et la liste des signataires ne s’arrête pas aux frontières calaisiennes, puisque des militants belges et britanniques seront également de la partie. « Nous attendons plusieurs centaines de personnes sur le camps et plusieurs milliers à la manif’ », affirme Benjamin. Les organisateurs ne doutent pas un instant de la réussite de l’opération : depuis leur création, les camps no border connaissent un succès grandissant. « Le premier camp qui s’est tenu en 2000 à la frontière polonaise de l’Ukraine et de la Slovaquie a rassemblé des centaines de personnes », affirme l’un des organisateurs du camp. Le nombre de campeurs a atteint plusieurs milliers pour les camps no border qui se sont tenus en Angleterre, au Mexique, en Espagne, en Italie et en Allemagne. L’aventure no border n’est donc pas près de s’arrêter. Déjà, un nouveau rendez-vous est pris : à Lesvos en Grèce, au mois d’août prochain.

Renseignements et programme détaillé de la semaine sur http://calaisnoborder.eu.org/

Le camp se tiendra au Parc, rue Normandie-Niemen (en bordure de la rocade à l’Est de Calais), possibilité de covoiturage en envoyant un e-mail à covoiturage @ riseup.net

Manifestation, départ à 10h au Phare de Calais.