Haïti : scrutin sur fond de choléra

1 décembre 2010  |  dans International

Depuis mi-octobre, une épidémie de choléra sévit dans le pays. Alors que les Haïtiens s’apprêtent à aller voter dimanche pour le premier tour de l’élection présidentielle, la mauvaise gestion de la situation sanitaire par les autorités pourrait être fatale au candidat du parti au pouvoir. Reportage.

« C’est comme cela depuis toujours, la mort est la meilleure amie des Haïtiens ». Carine, propriétaire d’un petit hôtel dans les hauteurs de Port-au-Prince, reste philosophe face à l’avalanche de catastrophes qui s’abat sur le pays depuis bientôt un an.
Après les 200 000 morts provoqués par le séisme du 12 janvier 2010, le passage du cyclone Thomas,Haïti est frappé par une épidémie de choléra sans précédent sur l’île.
Depuis le premier cas déclaré dans le nord du pays, mi-octobre, la bactérie a atteint la capitale, un milieu « fermé » où les centaines de camps de déplacés par les destructions n’ont rien à envier, sur le plan sanitaire, aux nombreux bidonvilles.
À cause de la proximité, des conditions d’hygiène déplorables et du manque d’eau potable, l’épidémie se propage à grande vitesse. Le bilan pourrait s’alourdir dans les semaines à venir, avec un pic prévu à la fin du mois de novembre par les épidémiologistes de Médecins sans frontières.
Selon l’Organisation panaméricaine de la santé, l’épidémie pourrait causer 10 000 morts et infecter 200 000 personnes dans les six à douze prochains mois. Malgré la situation, Carine se rendra pourtant aux urnes ce week-end pour élire le nouveau président de la République d’Haïti et renouveler une partie du Parlement.
« Je voterai pour Mirlande Maningat, parce que c’est la plus compétente et ensuite parce que c’est une femme », déclare-t-elle, alors même qu’elle se rend au meeting d’un autre candidat, André Martelli. « C’est un ami, alors nous allons le soutenir financièrement. »
Vote sanction
Carine et son mari font partie des rares personnes rencontrées à ne pas se servir de leur bulletin comme d’« un vote sanction » contre le gouvernement en place.
À l’entrée du commissariat de Pétion-ville, où sont remises les cartes d’identification nationales, indispensables pour aller voter, les habitants sont unanimes. « Je vais aller voter pour virer ces salopards qui sont des voleurs, je n’ai pas grand espoir que cela change, mais ça peut difficilement être pire », s’énerve un homme dans la file.
Autour de lui les gens acquiescent. Charles-Henri Backer, un des candidats favoris à l’élection du 28 novembre, est parfaitement conscient du climat de défiance qui règne :
« 60 % des gens qui voteront pour moi ne le feront pas parce qu’ils m’aiment, mais parce qu’ils veulent changer le gouvernement qui n’est pas à la hauteur de cette situation dramatique. »
Pour lui, comme pour les autres candidats favoris, l’épidémie ne justifie par le report du scrutin, comme l’ont demandé quatre des dix-neuf prétendants, la semaine passée.
« J’ai écouté les Haïtiens, affirme, solennel, Charles-Henri Backer. Ils veulent aller voter ». Malgré son assurance, il reconnaît que l’épidémie de choléra aura une incidence sur la décision des Haïtiens.
Déjà, la semaine dernière, de vio lents heurts ont éclaté entre des centaines de manifestants à Cap Haï tien (Nord) et dans la capitale causant la mort d’au moins cinq personnes et plusieurs blessés, dont six parmi les casques bleus de la Minustah ( Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti ).
Cette dernière, en particulier le contingent népalais, est accusée par une partie de la population d’avoir apporté l’épidémie sur l’île en déversant ses déjections dans un fleuve de l’Artibonite (nord du pays).
Les manifestants réclamaient le départ de la force onusienne et certains partisans de partis en lice en ont profité pour brûler un cercueil à l’effigie de Jude Célestin, candidat d’INITE, le parti du président en place, René Préval. Ce dernier ne pouvait se présenter, la constitution empêchant de faire plus de deux mandats de suite à la présidence de la République.

« C’est comme cela depuis toujours, la mort est la meilleure amie des Haïtiens ». Carine, propriétaire d’un petit hôtel dans les hauteurs de Port-au-Prince, reste philosophe face à l’avalanche de catastrophes qui s’abat sur le pays depuis bientôt un an.

Après les 200 000 morts provoqués par le séisme du 12 janvier 2010, le passage du cyclone Thomas,Haïti est frappé par une épidémie de choléra sans précédent sur l’île. Depuis le premier cas déclaré dans le nord du pays, mi-octobre, la bactérie a atteint la capitale, un milieu « fermé » où les centaines de camps de déplacés par les destructions n’ont rien à envier, sur le plan sanitaire, aux nombreux bidonvilles.

À cause de la proximité, des conditions d’hygiène déplorables et du manque d’eau potable, l’épidémie se propage à grande vitesse. Le bilan pourrait s’alourdir dans les semaines à venir, avec un pic prévu à la fin du mois de novembre par les épidémiologistes de Médecins sans frontières.

Selon l’Organisation panaméricaine de la santé, l’épidémie pourrait causer 10 000 morts et infecter 200 000 personnes dans les six à douze prochains mois. Malgré la situation, Carine se rendra pourtant aux urnes ce week-end pour élire le nouveau président de la République d’Haïti et renouveler une partie du Parlement. « Je voterai pour Mirlande Maningat, parce que c’est la plus compétente et ensuite parce que c’est une femme », déclare-t-elle, alors même qu’elle se rend au meeting d’un autre candidat, André Martelli. « C’est un ami, alors nous allons le soutenir financièrement. »

Vote sanction

Carine et son mari font partie des rares personnes rencontrées à ne pas se servir de leur bulletin comme d’« un vote sanction » contre le gouvernement en place. À l’entrée du commissariat de Pétion-ville, où sont remises les cartes d’identification nationales, indispensables pour aller voter, les habitants sont unanimes. « Je vais aller voter pour virer ces salopards qui sont des voleurs, je n’ai pas grand espoir que cela change, mais ça peut difficilement être pire », s’énerve un homme dans la file. Autour de lui les gens acquiescent. Charles-Henri Backer, un des candidats favoris à l’élection du 28 novembre, est parfaitement conscient du climat de défiance qui règne : « 60 % des gens qui voteront pour moi ne le feront pas parce qu’ils m’aiment, mais parce qu’ils veulent changer le gouvernement qui n’est pas à la hauteur de cette situation dramatique. » Pour lui, comme pour les autres candidats favoris, l’épidémie ne justifie par le report du scrutin, comme l’ont demandé quatre des dix-neuf prétendants, la semaine passée. « J’ai écouté les Haïtiens, affirme, solennel, Charles-Henri Backer. Ils veulent aller voter ». Malgré son assurance, il reconnaît que l’épidémie de choléra aura une incidence sur la décision des Haïtiens.

Déjà, la semaine dernière, de vio lents heurts ont éclaté entre des centaines de manifestants à Cap Haï tien (Nord) et dans la capitale causant la mort d’au moins cinq personnes et plusieurs blessés, dont six parmi les casques bleus de la Minustah ( Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti ). Cette dernière, en particulier le contingent népalais, est accusée par une partie de la population d’avoir apporté l’épidémie sur l’île en déversant ses déjections dans un fleuve de l’Artibonite (nord du pays).

Les manifestants réclamaient le départ de la force onusienne et certains partisans de partis en lice en ont profité pour brûler un cercueil à l’effigie de Jude Célestin, candidat d’INITE, le parti du président en place, René Préval. Ce dernier ne pouvait se présenter, la constitution empêchant de faire plus de deux mandats de suite à la présidence de la République.